IRIS
LES IRIS

 

Numéro deux (16-04-98)

« LES IRIS » vous offre des informations sur les activités de l'association, et sur l'actualité Internet, sans prétendre à l'exhaustivité. La lettre est aussi une invitation à prendre part à notre réflexion. Elle est complétée par l'agenda d'Iris (http://www.iris.sgdg.org/info-debat/agenda98.html). Merci à tous ceux qui nous encouragent, et qui sont déjà abonnés à la lettre.

SOMMAIRE

INTERNET ET DÉMOCRATIE
Plan Jospin : le « débat public » a fait long feu, et n'a été qu'un cache-misère
Régionales : Internet comme unique projet politique -  On le redoutait, le maire de Parthenay l'a fait
Conférence : « La parole manipulée », animée par Philippe Breton à l'Université Ouverte (27-04-98)

LUTTE CONTRE LE MONOPOLE MICROSOFT
Pétition d'Iris : déjà plus de 670 personnes et 35 collectifs ont signé, pour dénoncer la complaisance du gouvernement envers Microsoft. Continuons !
Enseignement supérieur : Microsoft toujours un peu plus loin... mais la mobilisation gagne du terrain
Logiciels libres : Microsoft fait des miracles... en faveur de la propagation du concept de logiciel libre
Analyse : au-delà de la « dernière de Microsoft », on veut faire de nous des « captifs de la société de l'information »

CONTRE L'ULTRALIBÉRALISME
AMI : Iris participe à la mobilisation contre ce projet consacrant la domination absolue de l'économique et du financier sur le politique
ATTAC : Action pour une taxe Tobin d'aide aux citoyens
Lire : trois ouvrages pour mieux comprendre les enjeux économiques et financiers

INTERNET ET LIBERTÉS PUBLIQUES
Cryptographie : les décrets, enfin parus, confirment l'analyse aboutissant à la nécessaire remise en cause du système des tiers de confiance.
Néo-nazis : malgré les interpellations par la gendarmerie, la LICRA et l'UEJF continuent d'invoquer la responsabilité des fournisseurs.
Sectes : la tentative de créer un groupe de discussion francophone sur les sectes se solde par un « bourrage d'urnes »

DÉMARCHES SOLIDAIRES
Usenet : création d'un groupe de discussion sur les alternatives démocratiques en économie et en politique
Accès : Le R@S, fournisseur associatif pour des collectifs progressistes, est en mesure de baisser ses tarifs après deux ans d'existence
Utile, agréable et breton : « Le Saint Ethurien Déchaîné », ou tout sur la vie locale

EUROPE
Contenus : la DGXIII prévoit de lancer un appel d'offre pour la mise en place d'un réseau européen de hot-lines

INTERNET ET DÉMOCRATIE

Plan Jospin : le « débat public » a fait long feu, et n'a été qu'un cache-misère

Dans notre commentaire critique du plan Jospin pour Internet, nous nous demandions si le « forum sur Internet », concédé en guise de débat public, ne « relevait pas plus de l'air du temps que de la consultation réelle » (cf. LES IRIS numéro un : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/li1.html). Nous ne nous étions pas trompés. Les contributions des visiteurs ont certes été inégales, mais la majeure partie d'entre elles a posé de vrais problèmes, de façon le plus souvent argumentée. En réponse, la ministre de la Culture, alors porte-parole du gouvernement, nous a gratifiés chaque semaine de la plus pure langue de bois, sans aborder les enjeux de démocratie et de citoyenneté. Sa contribution du 24 février 1998 est la cerise sur le gateau : « Après quelques semaines, comme on pouvait s'y attendre, nous avons constaté une certaine perte de vitesse : il semble en effet que vous ayez sur chacun des forums fait en quelque sorte « le tour du sujet ». Il nous apparaît ainsi que la durée optimale d'un forum ne doit pas excéder 2 à 3 semaines, en fonction des sujets. ». Il y a donc à présent trois nouveaux thèmes, dont l'un reste « la société de l'information », mais on est prié de l'utiliser pour « raconter ses expériences positives et négatives sur l'Internet ». L'invitation est précise : « Expliquez ce que le rapport à la société de l'information a changé pour vous, dans votre entreprise ou bien simplement à votre domicile ». Sur recommandation de Mme l'institutrice, vous rendrez votre devoir à http://www.premier-ministre.gouv.fr (le premier de la classe a même droit à des remerciements publics).

Régionales : Internet comme unique projet politique -  On le redoutait, le maire de Parthenay l'a fait

La presse n'a pas beaucoup relevé cette initiative de la liste conduite par Michel Hervé, intitulée « Pour un renouveau politique ». Il est vrai que l'enjeu des Régionales de mars 1998 était bien plus global, on l'a vu à l'occasion des scandaleuses élections de certains présidents de Régions, avec les voix du Front National. Il n'en reste pas moins que l'on ferait bien de se préoccuper également de ce nouvel avatar du mythe «  Internet-solution à tous les problèmes ». Partant du constat de la crise du système politique, que certes personne ne saurait contester, d'autant que le taux d'abstention vient chaque fois la quantifier, le maire de Parthenay a pris l'initiative de conduire une liste de « rénovation politique » en Poitou-Charente (département des Deux-Sèvres). Le projet ? Internet à tous les étages. Le programme est explicite : « Internet : une technologie de rénovation politique ! ». De « démocratie participative » en « intelligence collective », le texte du projet rassemble une suite de lieux communs qui ne susciteraient que haussements d'épaules s'ils ne menaient pas au bout de la logique du « ni-ni », à l'heure où il devient de plus en plus urgent de choisir son camp. Classée « divers gauche », cette liste a fait un score de 6.58%. Notons que sa présence n'a pas empêché un taux d'abstention de 42.79% dans le département, très supérieur à la moyenne de la région (29.71%). Certes, donner les moyens aux citoyens et à la société civile dans son ensemble de participer activement aux choix de société est le rôle de tout élu, indépendamment de son projet politique. Mais c'est sûr la base d'un vrai projet politique que l'on se présente aux élections. Les élections sont terminées, nous attendons toujours de connaître celui des candidats « pour un renouveau politique ». http://www.district-parthenay.fr/elections/accueil.html. Voir aussi une initiative dans le Nord-Pas-de Calais, intitulée « Génération 2001 » : http://www.mygale.org/00/rokia/. Cette liste, classée « divers gauche » a recueilli 0.77% des suffrages. Actuellement, le site web ne comprend plus que le CV du (seul ?) candidat. Nous ne mettons pas ces deux initiatives sur le même plan, mais la deuxième est déjà une illustration (encore bénigne !) des dangers portés par la première. Les résultats par région sur le site de Libération : http://www.liberation.com/regionales/resultats.html.

Conférence : « La parole manipulée », animée par Philippe Breton à l'Université Ouverte (27-04-98)

La prochaine conférence organisée par l'atelier informatique de l'Université Ouverte sera présentée par Philippe Breton, chercheur au CNRS (laboratoire de sociologie de la culture européenne à Strasbourg). Le thème de la conférence correspond aux développements publiés par Philippe Breton dans son dernier ouvrage, intitulé « La parole manipulée » (Éditions La Découverte, 1997. 221 pages, 105 FF). De quoi être mieux armé contre les diverses formes de manipulation par le discours auxquelles cette fameuse « société de l'information et de la communication » nous soumet continuellement. Un outil aidant à distinguer le vrai débat démocratique de la verbosité propagandiste, en quelque sorte... La conférence se tiendra le 27 avril 1998 à 20h dans les locaux de l'Université Ouverte : Maison des Ensembles, 3-5 rue d'Aligre, 75012 Paris (Métro Ledru-Rollin). Entrée libre et gratuite. http://rezo.net/uo

LUTTE CONTRE LE MONOPOLE MICROSOFT

Pétition d'Iris : déjà plus de 670 personnes et 35 collectifs ont signé, pour dénoncer la complaisance du gouvernement envers Microsoft. Continuons !

Le 4 février 1998, Iris réagissait aux honneurs accordés par le gouvernement à Bill Gates, patron de Microsoft. Dans notre « lettre ouverte à tous les amis de Bill, et néanmoins représentants du peuple français », nous appelions toutes les personnes, associations, collectifs et structures de toute sorte partageant notre souci, à signer cette lettre ouverte, pour dénoncer avec nous la complaisance du gouvernement envers les visées monopolistiques de Microsoft. En effet, dans une conférence de presse commune avec Bill Gates, Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Économie, déclarait « nous avons décidé de coordonner nos efforts avec Microsoft en matière de recherche, de formation, de financements conjoints en capital-risque. Nous réfléchirons ensemble sur la législation la plus adaptée aux nouvelles technologies. Cette coopération sera mise sur pied dans les tout prochains mois. ». Plus de 670 personnes et 35 collectifs ont déjà signé cette pétition. Il est plus que jamais nécessaire de continuer à diffuser cette pétition pour recueillir d'autres signatures, alors que la porte-parole du gouvernement déclarait le 2 mars 1998 : « En ce qui concerne Microsoft, la position du gouvernement est de ne pas intervenir, mais de ne pas s'interdire non plus le dialogue avec l'ensemble des acteurs » (http://www.premier-ministre.gouv.fr). Effectivement, ce n'est pas le gouvernement qui intervient, mais plutôt Microsoft. Et le gouvernement l'encourage. Faites entendre votre voix, signez la pétition d'Iris : http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html). Si vous voulez participer à la diffusion de cette pétition, vous pouvez faire figurer sur votre site le bandeau que nous avons réalisé : il vous suffit pour ce faire d'insérer la portion de code HTML suivante dans votre page web :


<P ALIGN="CENTER"><small><B><TT>- Pétition contre Microsoft -</TT></B></small><BR> <A HREF="http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html"><IMG SRC="http://www.iris.sgdg.org/microsoft/banner.gif" WIDTH="400" HEIGHT="60" ALIGN="BOTTOM" ALT="Signez la lettre ouverte à tous les amis de Bill, et néanmoins représentants du peuple français" BORDER="1"></A> <BR> <small><TT>http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html</TT></small></P>
Vous obtiendrez ce résultat :

- Pétition contre Microsoft -
Signez la lettre ouverte à tous les amis de Bill, et néanmoinsreprésentants du peuple français

http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html

Enseignement supérieur : Microsoft toujours un peu plus loin... mais la mobilisation gagne du terrain

Il semble que la mobilisation contre les visées monopolistiques de Microsoft sorte peu à peu de l'ombre, notamment à la suite de la proposition de « programme de formation et de certification Microsoft pour les étudiants, exclusivement réservé aux établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche », que Microsoft a « généreusement » adressée aux établissements universitaires français au cours du mois de mars 1998. L'association SPECIF (Société des personnels enseignants et chercheurs en informatique de France) a notamment réagi à ce qu'elle qualifie à juste titre d'« OPA de Microsoft sur les Universités ». Un excellent article signé Max Dauchet et Antoine Petit, professeurs des universités et respectivement président et membre du CA de SPECIF, démontre la perversité de cette offre de Microsoft (« Non merci, Monsieur Bill Gates ! », disponible à http://www.lsv.ens-cachan.fr/~petit/non-merci-monsieur-bill-gates.ps). Par ailleurs, SPECIF a mis en place un forum de discussion à l'adresse specif-forum@cnam.fr (abonnement par envoi d'un courrier à mailto:specif-forum-request@cnam.fr, contenant « subscribe » dans le sujet).

Logiciels libres : Microsoft fait des miracles... en faveur de la propagation du concept de logiciel libre

La dernière action en date est la publication par le journal en ligne québecois « Multimedium » d'un article de Roberto Di Cosmo, Maître de Conférences à l'ENS, sur les logiciels libres, mettant largement en cause les « mérites » des logiciels Microsoft (« Piège dans le cyberespace », disponible à http://www.mmedium.com/dossiers/piege/). Un article pédagogique, quoique légèrement machiste (la secrétaire dont les mauvaises habitudes de rangement nécessitent l'intervention de « dix garçons » pour remettre de l'ordre dans les affaires du bureau comme explication simple de la - certes peu efficace - gestion de fichiers sous Windows se pose un peu là...). C'est que Microsoft se fait de plus en plus d'ennemis, avec sa politique agressive de domination du marché, mais surtout avec sa volonté de mainmise sur l'éducation. On trouvera toute la documentation nécessaire à propos des logiciels libres, et de la licence GPL (« General Public Licence ») sur le site web de l'association pour la promotion et la recherche en informatique libre (APRIL : http://www.april.org), ainsi que sur le site de Bernard Lang, Directeur de Recherches INRIA, promoteur depuis plusieurs années des logiciels libres (http://pauillac.inria.fr/~lang). Le site du projet « Linux Center », créé par Stéfane Fermigier, Maître de Conférences à Paris VII, propose quant à lui un grand nombre de documents et liens pour la promotion du système Linux et des logiciels libres (http://www.math.jussieu.fr/~fermigie/linux-center/politics/index.html). Signalons en outre la toute récente création d'un groupe modéré de discussion francophone sur Usenet dédié à cette question : news:fr.comp.applications.libres. Vous pouvez également retrouver un certain nombre d'articles de presse au sujet de Microsoft à : http://www.qlinks.net/quicklinks/microsft.htm, ainsi qu'à : http://www.qlinks.net/quicklinks/competit.htm (compilations réalisées par Richard Swetenham, de la Commission européenne, pour la revue de presse électronique QuickLinks : http://www.qlinks.net). Voir enfin le dossier d'Iris à ce sujet : http://www.iris.sgdg.org/microsoft/index.html.

Analyse : au-delà de la « dernière de Microsoft », on veut faire de nous des « captifs de la société de l'information »

Alors, vous allez l'aimer cet an 2000, oui ou non ? Si nécessaire, c'est malgré vous qu'on fera votre bonheur : France Télécom s'occupe du contenant, Microsoft du contenu, et les dirigeants politiques de faire passer la pilule. Nous faisions déjà le lien, dans la pétition d'Iris (http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html), entre les visées monopolistiques de Microsoft et les accords passés tous azimuts par France Télécom afin de favoriser l'accès à Internet sans abonnement. Le sénateur René Trégouët semble sensibilisé à cette analyse, puisqu'il la reprend (pour s'en inquiéter avec des précautions toutes sénatoriales), dans son rapport publié le 8 avril 1998, dont l'extrait qui nous intéresse est intitulé : « Mais que cache donc l'accord entre France Télécom et Microsoft ? » (http://www.senat.fr/rap/r97-331-t1/r97-331-t163.html. Rapport complet : « Des pyramides du pouvoir aux réseaux des savoirs », tome I et tome II, respectivement disponibles aux adresses suivantes : http://www.senat.fr/rap/r97-331-t1/r97-331-t1.html et http://www.senat.fr/rap/r97-331-t2/r97-331-t2.html). Le plus grave est que le gouvernement français laisse faire, voire encourage dans ce sens, et Microsoft s'engouffre dans la brèche : avec le programme « Compétences 2000 » (http://www.microsoft.com/france/competences2000/), c'est tout notre système d'éducation et de formation continue qui est en ligne de mire, puisque Microsoft France vise le public le plus large, des formateurs de l'Éducation nationale aux demandeurs d'emploi, en passant par les professionnels dans les entreprises. Les étudiants ne sont pas non plus oubliés dans ce véritable parcours moderne qui se termine à l'ANPE, de même que la précarité devient « valorisée », puisque les « emplois-jeunes » font partie du « coeur de cible ». On trouvera une explication pédagogique du détail de ce programme et de ses implications dans Libération daté du 10 avril 1998 (« Planquez les mômes, v'la Microsoft » : http://www.liberation.com/multi/enquetes.html). Microsoft France annonce que son offre va concerner un total de 11000 personnes, la société ayant pour intention de consacrer un budget de 30 millions de Francs au programme, qui comporte également la participation à l'équipement et à la mise en réseau des établissements dans 30 académies. L'investissement en Europe est aussi visé, puisque Microsoft Europe va investir 40 millions de Francs dans le cadre du programme « Road ahead », qui pourra générer 300000 emplois en Europe dès la première année, selon Microsoft Europe (http://www.microsoft.com/europe/roadahead/). « Créer des emplois » : la formule magique est lâchée, il n'en faut apparemment pas plus qu'une vague promesse pour que la stratégie de Microsoft soit soutenue en haut lieu, par des gouvernements qui bradent l'avenir de leurs citoyens, et de leurs cultures. Le plus amusant dans cette affaire est que ce programme sera financé par les rentrées financières provenant des procès intentés par Microsoft en contrefaçon et piratage des logiciels de la société : que ceux qui ne croient toujours pas que tout se tient, des modifications de la réglementation sur la propriété intellectuelle à la convergence des télécommunications, des média, et des technologies de l'information, lisent donc la Communication adoptée le 4 février 1998 par la Commission européenne sur « Le besoin de renforcer la coordination internationale » (http://www.ispo.cec.be/eif/policy/com9850en.html), à l'initiative des Commissaires Martin Bangemann et Leon Brittan (vice-président de la CE), respectivement en charge de l'Industrie et des Télécommunications, et des Relations extérieures et du Commerce. Le but ultime est de mettre en place toutes les conditions - notamment d'ordre juridique et politique - pour le triomphe de la société marchande, dans laquelle il n'y a plus de citoyens, rien que des consommateurs. Paranoïa ? Théorie du complot ? Apparemment non, puisque les faits sont là pour étayer cette analyse : reportez-vous à la rubrique suivante de cette lettre. Microsoft n'est que l'arbre qui cache la forêt.

CONTRE L'ULTRALIBÉRALISME

AMI : Iris participe à la mobilisation contre ce projet consacrant la domination absolue de l'économique et du financier sur le politique

La mobilisation en France contre le projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) préparé par l'OCDE a commencé avec la publication dans le Monde Diplomatique d'un article dénonçant ce projet et ses dangers pour la souveraineté des États. En effet, le projet consacre la domination absolue de l'économique et du financier sur le politique, en accordant tous les droits aux « investisseurs » et tous les devoirs aux États. Le monde de la culture s'est beaucoup investi contre le projet, concentrant la lutte contre les menaces que l'AMI fait peser sur le droit d'auteur. Mais c'est globalement qu'il faut lutter contre ce projet qui menace les protections sociales et l'exercice de la démocratie. Pour plus d'efficacité, il appartient à chacun de mobiliser ses interlocuteurs habituels en priorité sur les sujets qui les intéressent le plus, tout en incitant à rejeter globalement l'AMI. C'est ce qu'Iris a fait en produisant un texte plus spécifiquement orienté vers les dangers de l'AMI pour l'usage d'Internet. On trouvera également dans le dossier d'Iris une collection de liens vers des documents ou initiatives contre l'AMI : http://www.iris.sgdg.org/actions/ami/index.html. Même si l'on parle moins de l'AMI dans la presse généraliste, le danger est toujours présent, d'autant qu'une autre proposition d'accord a été formulée par le Commissaire européen Leon Brittan : NTM pour « New Transatlantic Marketplace », ou « nouveau marché transatlantique ».

ATTAC : Action pour une taxe Tobin d'aide aux citoyens

L'Attac (Action pour une taxe Tobin d'aide aux citoyens) est une initiative lancée par Ignacio Ramonet dans son éditorial du Monde Diplomatique de décembre 1997, intitulé « Désarmer les marchés ». Elle a pour objectif de sensibiliser les citoyens à l'application de la taxe Tobin sur les transactions financières. Extrait de l'article : « La liberté totale de circulation des capitaux déstabilise la démocratie. C'est pourquoi il importe de mettre en place des mécanismes dissuasifs. L'un d'entre eux est la taxe Tobin, du nom du Prix Nobel américain d'économie qui la proposa dès 1972. Il s'agit de taxer, de manière modique, toutes les transactions sur les marchés des changes pour les stabiliser et, par la même occasion, pour procurer des recettes à la communauté internationale. Au taux de 0,1 %, la taxe Tobin procurerait, par an, quelque 166 milliards de dollars, deux fois plus que la somme annuelle nécessaire pour éradiquer la pauvreté extrême d'ici au début du siècle ». Une liste de discussion et de travail a été mise en place, afin de sensibiliser les citoyens et les collectifs à la structuration de l'Attac. Pour s'abonner, envoyer un message à mailto:request@rosa.bok.net, avec la ligne « subscribe attac » dans le corps du message. Site web d'Attac : http://Attac.org/. Site web du Monde Diplomatique : http://www.monde-diplomatique.fr. Parmi les actions en cours, un questionnaire adressé aux partis politiques de plusieurs pays, afin de connaître leurs positions officielles vis-à-vis du projet de taxe Tobin. Texte du questionnaire : http://Attac.org/partis/eta12.htm#Questionnaire. Réponses de quelques partis français : http://Attac.org/partis/fra.htm.

Lire : trois ouvrages pour mieux comprendre les enjeux économiques et financiers

(1) « Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! », par Philippe Labarde et Bernard Maris. Éditions Albin Michel, 1998. 216 pages. 98 FF. Cet ouvrage de l'ancien directeur de l'information au Monde, et membre du CSA, et du meilleur économiste de France (cuvée 1995), ci-devant Oncle Bernard, de Charlie-Hebdo, et néanmoins professeur d'économie à l'université de Toulouse 1 (centre universitaire de Montauban), vous explique tout sur la « World Company », de façon bien plus documentée et argumentée que « Les Guignols de l'info », mais dans un style tout aussi réjouissant. Un fabuleux argumentaire, pour répondre à tous ceux qui vous agitent leur « moins d'État pour mieux d'État », et le fatum de la mondialisation (et tout ce qui s'ensuivit et même s'ensuivra). À lire d'urgence pour « oser dire et expliquer, afin d'entrer mieux armé en dissidence », pour citer la conclusion de la préface de Serge Halimi (lui-même auteur de l'excellente dénonciation de la collusion des médias et des politiques : « Les nouveaux chiens de garde », Éditions Liber-Raisons d'agir, 1997. 28,50 FF).

(2) « Géopolitique du chaos », par Ignacio Ramonet. Éditions Galilée, 1997. 160 pages. 148 FF. Le directeur du Monde Diplomatique fait le point dans cet essai sur les transformations politiques dans le monde, et l'impact de la mondialisation de l'économie sur les grandes questions, comme l'environnement ou le sous-développement, mais aussi la culture et les médias (signalons un chapitre consacré à Internet). Ceux qui lisent régulièrement Le Monde Diplomatique et Manière de Voir n'apprendront pas grand-chose : on regrette en effet que l'auteur se soit pratiquement contenté de compiler ses éditoriaux - au demeurant brillants, et importants pour la réflexion. Tous les autres devraient lire cet ouvrage salutaire.

(3) « La mondialisation du capital », par François Chesnais. Éditions Syros-Alternatives économiques, 1997. 332 pages. 140 FF. Ce livre, dont une nouvelle édition vient de paraître, considérablement remaniée par rapport à celle de 1994, est le livre de référence qui permet de décoder le non-dit économique et comprendre tout le fonctionnement actuel des systèmes industriels et commerciaux. Bien que pointu, il est très facile à lire pour qui n'est pas familiarisé avec l'économie.

INTERNET ET LIBERTÉS PUBLIQUES

Cryptographie : les décrets, enfin parus, confirment l'analyse aboutissant à la nécessaire remise en cause du système des tiers de confiance.

« Une complexité juridique accrue qui ne devrait pas conduire à un résultat contraire à l'objectif visé ». Traduisant ainsi les conséquences des décrets, l'ART (Autorité de Régulation des Télécommunications) a rendu un avis défavorable (voir les décrets et l'avis sur le site de LégiFrance : http://www.legifrance.gouv.fr). L'argumentaire contenu dans l'avis rendu sur les projets de décrets illustre le bien-fondé de l'analyse d'Iris dans son rapport sur la cryptographie en France (http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-ce/annexe7.html). La lourdeur et la complexité du système de tiers de confiance (TDC) imposé par les décrets augure mal de la prétendue « libéralisation » de la cryptographie en France. Au terme du décret, l'obligation principale du TDC est d'organiser l'accès aux clés, privées en cas de besoin, selon des modalités non publiques, puisque l'annexe du cahier des charges relative à cette question sera « classifiée ». Par ailleurs, la question de la responsabilité du TDC n'est pas traitée dans le décret, qui se borne à la renvoyer au contrat entre le TDC et son client. Enfin, en cas de dépôt d'une demande d'autorisation pour un produit n'utilisant pas le système de TDC, un arrêté pourra prévoir des conditions particulières d'autorisation. Le système des TDC, reconnu impraticable même par l'ART, devient la norme pour tout ce qui est confidentialité. C'était la libéralisation de la cryptographie en France... Notre position en sort confortée : il n'y a pas de compromis possible, il faut totalement libéraliser l'usage de la cryptographie en France, sans passer par le système de TDC. Voir l'analyse d'Iris sur les décrets parus à : http://www.iris.sgdg.org/axes/crypto/decrets.html. Contact : Valérie Sédallian (mailto:sedallian@argia.fr). Vous pouvez retrouver aisément la plupart des textes juridiques relatifs à la cryptographie à l'adresse suivante : http://www.argia.fr/lij/cryptosomm.html.

Néo-nazis : malgré les interpellations par la gendarmerie, la LICRA et l'UEJF continuent d'invoquer la responsabilité des fournisseurs.

La gendarmerie maritime de Toulon a annoncé courant février 1998 l'interpellation de sympathisants néo-nazis. Il s'agit de la diffusion via Internet au nom du groupe néo-nazi CHS (Charlemagne Hammer Skins) de textes racistes et xénophobes. Les CHS avaient déjà fait l'objet de plaintes pour leurs activités sur Internet. Encore une preuve qu'Internet n'est pas un « espace de non-droit », et que les services de police et la justice ne sont pas démunis de moyens d'investigations à propos d'actes commis sur Internet. Bien que la LICRA elle-même s'en félîcite dans un communiqué de presse publié le 18-02-98 sur Usenet (groupe news:fr.soc.politique, identifiant de message : <6cfkhg$qi8$1@lyon110.dtr.fr>), elle n'en continue pas moins de réclamer dans ce même communiqué que « Les fournisseurs d'accès et sociétés qui hébergent des sites doivent également être vigilants en contrôlant le contenu des pages qu'ils hébergent. ». C'était également la position défendue par Me Stéphane Lilti, avocat de l'UEJF, au cours d'un reportage diffusé par le journal télévisé de France 2 lors de l'annonce des interpellations. Faire peser des menaces sur les fournisseurs afin qu'ils contrôlent les contenus revient à mettre en place une censure, qui plus est d'ordre privé. Lire à ce sujet le rapport d'Iris sur Internet et les libertés publiques : http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-ce/index.html. Site de la LICRA : http://www.licra.com.

Sectes : la tentative de créer un groupe de discussion francophone sur les sectes se solde par un « bourrage d'urnes »

Une discussion - intense quoique répétitive, comme de bien entendu  - a lieu depuis plus d'un mois sur le groupe de discussion francophone news:fr.usenet.forums.evolution, dévolu à la modification de la hiérarchie Usenet francophone. La publication des résultats du vote au sujet de la création du groupe fr.soc.sectes a tout déclenché : ce groupe, proposé aux fins d'échanger de l'information à propos des sectes et de leurs dangers, a fait l'objet d'une participation record, et inhabituellement diversifiée. La provenance des votes a été clairement identifiée comme liée à la secte Moon, pour une grande part. Le résultat du vote a été de 303 votes NON contre 179 votes OUI, et 5 votes BLANC, c'est-à-dire un échec (suivant les règles en vigueur - adoptées par consensus des participants -, un groupe ne peut être créé que s'il obtient 80 OUI de plus que de NON, et trois fois plus de OUI que de NON). Ce résultat est édifiant sur la capacité de nuisance de collectifs organisés et décidés à museler toute contestation. Mais il est également édifiant sur la fragilité de Usenet : en effet, s'il est vrai que le fonctionnement de Usenet ne tient que par la bonne volonté des administrateurs de sites (privés ou publics) mettant leur temps et leurs ressources à disposition de tous, il semble que certains administrateurs ont du mal à renoncer à une once du « pouvoir » qu'ils détiennent ainsi, de fait, sur le commun des contributeurs. C'est ainsi que l'on a pu voir le groupe fr.soc.sectes créé par certains, mais plutôt mal propagé puisque la plupart des grands sites (comme ceux de Jussieu ou de l'Institut Pasteur, pour citer des sites publics) n'ont pas souhaité adopter ce comportement consistant à mépriser les quelques conventions - certes perfectibles - respectées par tous jusque là. Pourtant, il aurait été possible de créer ce groupe, tout en respectant les conventions, quitte à réfléchir sereinement afin de modifier ces conventions dans le futur. Il aurait suffit de le créer hors de la hiérarchie fr.*, soumise aux règles en vigueur, et de faire un effort spécifique pour le propager le plus largement possible, en attendant un nouveau vote, dans d'autres conditions. Mais on préfère discuter sans fin, et apparemment sans fins... Pendant ce temps, le sourire s'élargit sur la face de lune. Vous pouvez suivre le feuilleton à rebondissements sur news:fr.usenet.forums.evolution.

DÉMARCHES SOLIDAIRES

Usenet : création d'un groupe de discussion sur les alternatives démocratiques en économie et en politique

fr.soc.alternatives est le nom de ce groupe récemment créé dans la hiérarchie des forums de discussions francophones. D'après sa charte, l'objet du groupe est l'échange d'information et de points de vue sur toutes les alternatives possibles aux systèmes économiques et politiques actuels - en particulier la société industrielle et marchande -, pour autant que ces alternatives aient un caractère démocratique et non-violent. Une façon supplémentaire d'utiliser Internet pour l'action militante, ou tout simplement citoyenne. Ce groupe ne vivra que si ses contributeurs ne se laissent pas déborder par la pollution des fascistes ou autres provocateurs, toujours prompts à investir massivement les espaces de discussion : news:fr.soc.alternatives. Si vous n'avez pas accès aux « Newsgroups » de la hiérarchie fr.*, vous pouvez néanmoins utiliser le service de recherche d'articles « DejaNews » sur le Web : http://www.dejanews.com/. Si vous ne connaissez pas du tout Usenet, commencez par le groupe news:fr.bienvenue, dans lequel vous trouverez des indications utiles. Yann Forget est à l'initiative de la création du groupe fr.soc.alternatives. On peut consulter son site personnel à : http://perso.wanadoo.fr/yann.forget/.

Accès : Le R@S, fournisseur associatif pour des collectifs progressistes, est en mesure de baisser ses tarifs après deux ans d'existence

Le R@S (Réseau Associatif et Syndical) propose la fourniture d'accès à Internet à partir de 250 FF/an pour les associations (différents tarifs selon le niveau de services choisis) et 100 FF/an pour les particuliers. Le R@S est un fournisseur d'accès associatif pour des collectifs progressistes (associations et syndicats). Pour bénéficier de l'offre du R@S, il faut être membre du réseau, les adhésions devant être approuvées par cooptation. Après deux ans d'existence, le R@S compte plus de 20 associations et syndicats, et sa croissance lui a permis de réviser ses cotisations à la baisse. D'après les statuts du R@S : « peuvent rejoindre le RAS et donc bénéficier de ses ressources toutes les associations oeuvrant pour les droits de la personne, les droits des travailleurs et le soutien aux peuples en lutte pour leur émancipation ». Les collectifs membres du R@S disposent également d'une liste d'échange d'informations entre eux, leur permettant de coordonner leurs actions militantes. http://www.mygale.org/~ras/ - Contact : François Sauterey (mailto:Francois.Sauterey@ras.eu.org).

Utile, agréable et breton : « Le Saint Ethurien Déchaîné », ou tout sur la vie locale

Imaginez un tel site à l'échelle de chaque commune : tout sur les associations et la vie locale, avec un forum de discussion en prime. De la démocratie locale comme on aimerait en voir plus souvent. C'est ce que « Le Saint Ethurien Déchaîné » propose, en guise d'utilisation intelligente d'Internet. Ce site propose une foule d'information, en plus de la lettre du même nom, distribuée aux habitants de Vieux Marché. Ancien conseiller municipal, Jacques Herrou, à l'origine de ce site d'une espèce encore trop rare, ne se lasse pas d'interpeller la mairie sur sa gestion. À signaler également sur ce site, la section « Alternatives Écologie Solidarités », avec une profusion de liens vers des associations et initiatives solidaires. On n'y a pas trouvé de lien sur Iris, mais on lui pardonne :-). http://altern.org/ethurien. Contact : Jacques Herrou (mailto:ethurien@altern.org).

EUROPE

Contenus : la DGXIII prévoit de lancer un appel d'offre pour la mise en place d'un réseau européen de hot-lines

Dans le cadre du plan d'action pour la lutte contre les contenus illégaux et offensants, la DGXIII présente un projet d'appel d'offre, appelant des organisation publiques ou privées à mettre en place un réseau de points d'accès, destinés à recevoir des plaintes concernant les contenus illégaux présents sur Internet. Iris s'interroge sur la signification profonde de cette démarche. Les événements des six derniers mois tendent à démontrer que les services de police sont loin d'être impuissants face à des agissements de nature illégale lorsqu'ils sont commis sur Internet. D'où les quelques questions suivantes qui méritent d'être posées : pourquoi confier au secteur privé une fonction que les pouvoirs publics semblent, au moins au niveau national, très bien assumer ? Ce « nettoyage » d'Internet n'est-il pas l'occasion d'initier la privatisation des services de polices ? Pourquoi confier au secteur privé la coordination au niveau européen ? Est-ce un aveu d'échec de la part des pouvoirs public ? Comment, à terme, ces hot-lines seront-elles financées? Si ces dernières répondent à une demande de la société, il semble logique que ce soit celle-ci qui les finance, soit par le biais de subventions, soit par une participation libre des citoyens. Ou alors, tendons-nous vers le système allemand, dans lequel les fournisseurs d'accès se voient contraints par la loi - qui les oblige à mettre en place un point d'appel, et qui les responsabilise dès qu'ils ont connaissance du délit - de financer eux-même un tel système (cf. http://www.sfm.de/) ? L'appel d'offre de la Commission européenne devrait être rendu public courant avril : http://www2.echo.lu/legal/en/internet/actplan.html.


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Conception et rédaction de ce numéro : Meryem Marzouki.
Collaboration à ce numéro : Philippe Allart (« Europe »), Jacques Dufresne (« Lire...ouvrage François Chesnais »).

(dernière mise à jour le 18/12/2004) - webmestre@iris.sgdg.org