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Coûteuse et ridicule, la fête de l'Internet 99 crée les conditions de sa défaite

Communiqué de presse d'IRIS - 16 mars 1999

L'association IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire [1]) rejoint l'opération « défaite de l'Internet » [2], lancée par le Mini-Rézo, et fermera son site du 19 au 21 mars 1999. IRIS s'est engagée depuis le 15 février dans le soutien à Altern, notamment par la constitution du collectif de soutien, dont le site retrace les activités [3].

Au-delà de l'affaire Altern, IRIS a refusé de participer à cette mascarade de « fête de l'Internet ». En particulier, IRIS a refusé l'invitation faite à l'une de ses responsables de participer en tant que « honorable parlementaire virtuelle » (sic) à la manifestation organisée par l'ISOC-France, intitulée « La Loi de l'Internet: un espace de citoyenneté mondiale à conquérir » [4].

IRIS dénonce de tels évènements qui entretiennent la confusion entre le domaine sur lequel porte une loi (ici, une loi concernant Internet) et la procédure d'élaboration et de vote de cette loi (ici, via Internet), tout en restreignant le vote à une catégorie de la population. Sous couvert de poursuivre un but ludique, cette parodie de démocratie est le parfait exemple d'une « pensée coupée/collée », dont le résultat ne peut être que la dénaturation, par la caricature, du processus démocratique dans son ensemble.

Cette manifestation, dans laquelle même les organisateurs [5] ont du mal à distinguer la parodie de la discussion réelle en vue de l'adoption d'une loi, ne peut qu'entretenir aux yeux du grand public l'illusion d'une « démocratie électronique », où les lobbies sont rois et les citoyens des « coeurs de cible ». IRIS regrette que des représentants de la Nation cautionnent une telle entreprise, et rappelle que le seul véritable sens de l'expression « démocratie virtuelle » est l'absence de réelle démocratie.

Par ailleurs, plusieurs partenaires commerciaux apportent leur concours à cette entreprise, notamment par l'organisation et le contrôle du vote. Là encore, IRIS dénonce un processus pervers qui ne peut que déboucher vers l'acceptation progressive d'une « cyberdémocratie », celle-là même dont Ross Pérot s'était fait le chantre aux États-Unis.

Enfin, l'État, soucieux de manifester un encouragement aux nombreuses et sincères petites manifestations de proximité, a engagé cette année un million de Francs pour l'organisation de la fête de l'Internet. Ayant constaté les querelles de - riches - chiffonniers que cette manne a suscitées, IRIS espère que les comptes qui ne manqueront pas d'être demandés sur l'utilisation des deniers publics seront publiés.

Pour toutes ces raisons, en plus de se joindre à l'opération « défaite de l'Internet », et tout en regrettant l'ennui ainsi causé aux manifestations sincères et désintéressées organisées à l'occasion de ces journées, IRIS appelle cette année tous les acteurs de l'Internet non marchand et solidaire au boycott des manifestations organisées pour cette « fête de l'Internet » qui crée elle-même les conditions de sa défaite.

[1] Site d'IRIS : http://www.iris.sgdg.org/
[2] Site « défaite de l'Internet » : http://www.defaite-internet.org
[3] Site du collectif de soutien à Altern : http://www.comite-altern.sgdg.org
[4] Site de la manifestation « loi de l'Internet » : http://www.loi-internet.org
[5] « Une proposition de loi (de 4 articles) sera présentée en janvier 1999 devant le bureau d'une cyber-assemblée. Elle sera le point de départ d'une réflexion publique sur l'adaptation de la législation française aux spécificités de l'Internet ». Extrait d'un communiqué de presse de l'ISOC-France en date du 17-12-98.

Contact Iris pour ce communiqué :
Meryem Marzouki (Meryem.Marzouki@iris.sgdg.org) - Tél : 0144749239

(dernière mise à jour le 16/06/2019) - webmestre@iris.sgdg.org