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Date: Wed, 31 May 2000 09:44:52 +0200
Subject: Senat, deuxieme lecture - Communique IRIS

Bonjour à tous,

Vous trouverez ci-après le communiqué de presse d'IRIS suite au vote
de la loi sur la liberté de communication en deuxième lecture au
Sénat.

Adresse de ce communiqué sur le web :
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-senat0500.html

Par ailleurs, le dossier 'loi liberté de communication' a été mis à
jour avec le texte des débats au Sénat, et la sélection par Iris des
passages relatifs à la responsabilité des intermédiaires techniques
sur Internet : http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm

Meryem Marzouki (Iris)
----------------------

Sénat, deuxième lecture : les intermédiaires deviennent soumis au
secret, mais demeurent juges des contenus.

Communiqué de presse d'IRIS - 31 mai 2000

Le Sénat a adopté en deuxième lecture, lundi 29 mai 2000, une version
légèrement modifiée des propositions que sa commission des Affaires
culturelles [1] avait apportées à l'article premier A de la loi sur la
liberté de communication (responsabilité des intermédiaires techniques
sur Internet) [2].

Les modifications adoptées

Le seule modification d'importance est l'adoption du sous-amendement
n°164 proposé par Alain Joyandet au nom du groupe RPR. Cette
modification de la rédaction de l'article 43-6-4 impose le secret
professionnel au fournisseur d'hébergement, de sorte qu'il ne
fournisse les données permettant d'associer le pseudonyme d'une
personne physique à son identité réelle que sur requête de l'autorité
judiciaire.

IRIS ne peut que se féliciter de l'introduction de cette notion de
secret des données pour les intermédiaires techniques, bien
qu'introduite dans un article 43-6-4 contesté par l'association.
Cette mesure est en effet réclamée depuis longtemps par IRIS pour
toutes les données en possession des intermédiaires techniques d'accès
ou d'hébergement mentionnées au 43-6-3 (données d'identification,
données de connexion et de consultation) [3].  Notons que le Sénat a
voté la soumission des intermédiaires au secret contre l'avis du
gouvernement.

De même, IRIS se félicite de l'adoption des sous-amendements suivants
à l'amendement n°6, (nouvelle rédaction de l'article premier A
proposée par la commission des Affaires culturelles) :

- N° 171, proposé par Pierre Hérisson (UC), modifiant l'article 43-6-1
  afin que le fournisseur d'accès se contente d'informer ses abonnés
  des moyens de filtrage existants, au lieu d'être contraint de les
  fournir

- N° 178, proposé par Pierre Hérisson (UC), supprimant toute référence
  dans la loi aux messages publicitaires sur les sites.  Cette
  question est sagement renvoyée à l'examen de la future loi sur la
  société de l'information, comme IRIS l'a préconisé [1].

Trois autres sous-amendements à l'amendement n°6 ont été adoptés :

- N° 218, proposé par Michel Pelchat (RI), étendant les sanctions
  pénales aux intermédiaires techniques pour défaut de conservation
  des données mentionnées à l'article 43-6-3 (modification de
  l'article 79-7 introduit par la commission)

- N° 291 rectifié, proposé par Danièle Pourtaud et Michel
  Dreyfus-Schmidt au nom du groupe PS, restreignant, sans pour autant
  revenir à la notion de « mise en demeure », l'information du
  fournisseur à une notification par un « tiers identifié » ou à son
  propre constat (modification de l'article 43-6-2)

- N° 294, proposé par Danièle Pourtaud et Michel Dreyfus-Schmidt au
  nom du groupe PS, divisant par deux les peines encourues pour
  fourniture de faux éléments d'identification (peines ramenées à 3
  mois de prison et 25 000 FF d'amende par modification de l'article
  79-8 introduit par la commission).

La réduction des sanctions - toujours souhaitable - mise à part, ces
derniers amendements n'apportent finalement pas grand-chose à un texte
qu'ils contribuent à conforter.

De belles occasions manquées

Le Sénat n'a adopté aucun des amendements proposés par les membres du
groupe CRC, et défendus par Jack Ralite et Ivan Renar
(sous-amendements n° 147, 148 et 149). IRIS, qui retrouve pleinement
ses revendications dans ces sous-amendements rétablissant les
dispositions adoptées en première lecture par l'Assemblée nationale,
regrette profondément que ces propositions, ni même leur argumentaire,
n'aient pas été suivies.

Le Sénat, tout comme le gouvernement, n'a pas souhaité séparer la
correspondance privée de la communication publique, ni soumettre
uniquement à l'injonction judiciaire une éventuelle action du
prestataire technique sur les contenus mis en ligne par des tiers, ni
obliger l'identification des fournisseurs de contenus vis-à-vis de la
seule autorité judicaire et non du public.

Ces propositions du groupe CRC ont été argumentées par le souci de ne
pas laisser les acteurs marchands d'Internet effectuer la régulation
du réseau, et de ne pas céder à une disproportion sécuritaire au
mépris des libertés individuelles et publiques. Ni le rapporteur du
Sénat, ni la ministre de la Culture et de la Communication n'y ont été
favorables : que faut-il en déduire ?

Rendez-vous lors de l'examen du futur projet de loi sur la société de
l'information

Il se dégage toutefois de l'ensemble de la discussion en deuxième
lecture au Sénat un sentiment de meilleure compréhension des enjeux
d'Internet par les sénateurs, par rapport à leurs premières
interventions sur ces questions. On ne peut que s'en féliciter, en
observant toutefois que cette compréhension gagnerait à être encore
améliorée avant que des décisions importantes soient prises. IRIS en
retient que le travail de sensibilisation auprès des parlementaires et
du gouvernement est utile, et doit se poursuivre.

Le deuxième élément important qui ressort de la discussion est contenu
dans l'intervention de la ministre de la Culture et de la
Communication, qui, reprenant le dossier de la loi sur la liberté de
communication, a présenté son analyse d'ensemble de la question
relative aux droits et responsabilités sur Internet. Cette analyse ne
manque pas en effet de confirmer [1] que plusieurs des dispositions
adoptées, dans l'état actuel de la loi, contredisent la directive
européenne sur le commerce électronique votée le 4 mai 2000 [4]. Par
ailleurs, si la ministre semble avoir une conception précise et
restrictive des « diligences appropriées », encore reste-t-il
nécessaire de les énumérer de façon limitative dans la loi - et non
dans des décrets administratifs -, de même que les moyens de leur mise
en oeuvre [5] : le « ping-pong » jurisprudentiel actuel [6] doit
cesser. Enfin, les déclarations de Catherine Tasca reconnaissent
également que, si le traitement de la responsabilité des
intermédiaires techniques était devenu urgent en France, ce problème
ne pourra être adéquatement et complètement résolu qu'à l'occasion de
la discussion de la future loi sur la société de l'information.

Au-delà du vote en troisème lecture à l'Assemblée nationale en juin,
la véritable prochaine échéance n'interviendra donc pas avant
l'automne 2000.

Références :

[1] Voir le commentaire d'Iris sur les propositions de la commission
des Affaires culturelles du Sénat. Lettre d'Iris. 23 mai 2000.
http://www.iris.sgdg.org/les-iris/lbi/lbi-230500.html

[2] Voir le dossier complet d'Iris sur la loi liberté de
communication.
http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm

[3] « 85 recommandations pour un Internet démocratique en l'an 2000 »
(recommandation n°5). Rapport Iris. Novembre 1999.
http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-lsi/rapport-lsi.html

[4] Directive européenne sur le commerce électronique, sélection des
passages relatifs à la responsabilité des intermédiaires techniques.
http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm/iris-dir-ecomm.html

[5] « Pour une alternative démocratique à la corégulation d'Internet :
proposition de création d'une mission interministérielle pour la
citoyenneté et l'accès au droit sur Internet ». Rapport Iris. Avril
2000.
http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-coreg/rapport-coreg.html

[6] « Arrêtons le ping-pong jurisprudentiel et législatif ! ».  Lettre
d'Iris. 26 mai 2000.
http://www.iris.sgdg.org/les-iris/lbi/lbi-260500.html

Contact IRIS :
Meryem Marzouki (Meryem.Marzouki@iris.sgdg.org) - Tél : 0144749239

-- 
Meryem Marzouki - Pages personnelles : http://asim.lip6.fr/~marzouki
IRIS - 294 rue de Charenton, 75012 Paris, France 
Tel/Fax: +33(0)144749239 - http://www.iris.sgdg.org



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