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Date: Mon, 29 Nov 1999 16:26:35 +0100 
Subject: Motion des participants aux 2e Assises de l'Internet non marchand et solidaire

Bonjour à tous, 

Vous trouverez ci-après la motion des participants aux deuxièmes
Assises de l'Internet non marchand et solidaire, en contribution à la
consultation gouvernementale « cadre législatif de la société de
l'information ».

Cette motion finale est le résultat de la séance de discussion durant
la matinée du 27 novembre 1999, sur la base d'un texte de travail
proposé par l'association IRIS. Cette motion a été lue en introduction
au débat de la soirée du 27 novembre, en présence des députés
intervenants à ce débat : Patrick Bloche (PS), Yves Cochet (Les Verts)
et André Santini (UDF).

La motion finale reprend largement le texte de travail proposé proposé
à la discussion et aux amendements des participants, dont les
développements se trouvent dans le rapport d'IRIS intitulé « 85
recommandations pour un Internet démocratique en l'an 2000 » :
http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-lsi

La motion finale se trouve sur le site des Assises, dont nous avons
entamé la mise à jour. Des comptes rendus supplémentaires, ainsi que
des photos de la manifestations seront bientôt en ligne sur ce site :
http://www.assises.sgdg.org

Meryem.
--------------
Motion des participants aux
deuxièmes Assises de l'Internet non marchand et solidaire
adoptée à Paris le samedi 27 novembre 1999

L'ensemble des collectifs, associations et syndicats représentés
le 27 novembre 1999 à Paris dans le cadre des deuxièmes de
l'Assises de l'Internet non marchand et solidaire, en conclusion
de leur séance de travail sur les orientations de la prochaine loi
dite « sur la société de l'information » :

- observent que les orientations du gouvernement ignorent de nombreux
aspects sociétaux,
- déclarent leur attachement aux principes suivants :

1. En matière de responsabilité des acteurs

- Le respect des libertés individuelles et des libertés publiques,
garanties par les textes fondamentaux, doit prévaloir sur toute autre
considération.
- Le régime de responsabilité en cascade n'est pas applicable à la
communication publique sur Internet. Les auteurs de cette
communication en sont également les éditeurs sur Internet, en dehors
du cadre professionnel où l'employeur est l'éditeur.
- Seule l'autorité judiciaire peut qualifier le caractère illégal d'un
contenu sur Internet. En dehors des questions relevant de la
protection des données personnelles, aucun autre contrôle, a priori ou
a posteriori, par des intermédiaires techniques ou des organismes
privés ou publics, ne peut être admis. Cela rend impossible toute idée
d'« autorégulation » ou de « corégulation ».

2. En matière de régulation des contenus sur Internet

- La notion de « déontologie des contenus » n'a pas de sens : il n'y a
de déontologie que de métier, qui s'exerce par des professionnels.
- La régulation des contenus publiquement accessibles sur Internet
doit rester soumise au droit commun, qui garantit la liberté
d'expression et en énumère précisément et limitativement les abus
potentiels.
- La labellisation des contenus ne peut s'entendre que de manière
volontaire et positive. Elle ne peut s'imposer aux auteurs de sites.
- Le filtrage de ces contenus doit rester de la responsabilité de
l'utilisateur final, ou de ses tuteurs s'il est juridiquement non
responsable.

3. En matière de confidentialité et de protection des données
personnelles

- La protection des droits fondamentaux des citoyens passe par la
garantie de confidentialité - donc par la libéralisation totale de la
cryptographie et par la non traçabilité du courrier - et par la
protection la plus stricte de leurs données personnelles.
- Chacun doit pouvoir utiliser les moyens qui lui conviennent pour
protéger la confidentialité de ses communications, sans intervention
de tiers de séquestre pour ses clés privées de chiffrement.
- Aucune donnée personnelle ne doit pouvoir être stockée à l'insu des
intéressés, ni utilisée sans leur accord exprès.
- La durée de conservation des données personnelles ne doit pas
excéder un mois, comme dans le cas des bandes de vidéo-surveillance.

4. En matière de contrôle démocratique des investigations
policières

- La lutte contre la criminalité aux niveaux français, européen et
international ne doit pas être le prétexte d'atteintes aux droits
fondamentaux des citoyens.
- Une commission d'enquête parlementaire, en liaison avec le Parlement
européen, doit examiner tout organisme et/ou dispositif susceptible de
porter atteinte à la protection de la vie privée et des données
personnelles. Un observatoire devra être ensuite mis en place pour
assurer le suivi de cette enquête. Les prérogatives d'Europol, comme
les systèmes d'interception des communications de type ECHELON,
doivent particulièrement être examinés.

5. En matière de libertés syndicales et de droit du travail

- Toute pratique de surveillance sans l'autorisation des salariés doit
être lourdement sanctionnée. Les principes de l'échange et du secret
de la correspondance doivent être explicités.
- Les libertés et droits syndicaux doivent être étendus à l'usage
d'Internet dans les entreprises et établissements, sur la base de la
loi du 27 décembre 1968.
- Un débat national doit être ouvert sur les modifications des
conditions de travail dues au télétravail et à l'informatisation de la
société.

6. En matière de contrôle de la publicité et des communications
non sollicitées

- Tout message publicitaire ou à dominante publicitaire doit être
clairement explicité.
- La réception de communications non sollicitées doit faire l'objet du
consentement exprès des utilisateurs.
- Le fait d'imposer des messages publicitaires ne doit pas perturber
la consultation des contenus rédactionnels.

7. En matière de droit d'auteur et de droit à l'information

- Le droit d'auteur doit être maintenu et respecté.
- Le droit à l'information doit s'exercer à travers la notion de copie
privée et son extension à la notion d'usage loyal (« fair use »), ou
utilisation dans un but non lucratif à des fins d'éducation et de
recherche.
- La disponibilité gratuite des données publiques et la mise à
disposition de téléprocédures doivent être étendues.
- Les oeuvres de l'esprit, dont font partie les méthodes et programmes
informatiques, ne doivent pas être brevetables.
- La production et l'utilisation de logiciels et contenus libres doit
être encouragée, y compris par les pouvoirs publics.

8. En matière de démocratisation de l'accès à Internet

- Le service universel des télécommunications doit être étendu à
l'accès à Internet pour tous, avec une baisse radicale du coût des
communications locales sur tout le territoire. La connexion permanente
doit être favorisée, et chacun doit pouvoir être son propre serveur
d'information.
- L'attribution de noms de domaines dans les ccTLD dépendant de la
France (comme .fr) et dans les gTLD autorisés (comme .org, .com, .net)
doit être un service public, concédé à prix coûtant pour les demandes
individuelles et celles des groupements à but non lucratif.
- La démocratisation de l'accès à Internet implique également
l'acquisition d'une base culturelle informatique et électronique
minimale par tous, afin que chacun soit apte à maîtriser les
transformations de la société dans tous ses aspects, pratiques et
citoyens. Cela s'inscrit dans la mission de service public de
l'Éducation, qui pourra être déléguée dans certaines circonstances à
des structures à but non lucratif dont c'est l'objet.  

9. En matière de lutte contre la marchandisation

- L'exception culturelle, en tant qu'exclusion de la culture des
accords marchands, doit être étendue à tous les secteurs
multifonctionnels, comme l'éducation et la culture.
- La disponibilité de services, d'outils et de contenus pour un usage
non marchand d'Internet participe également de cette
multifonctionnalité et de la diversité culturelle.
- Le développement du commerce électronique ne doit pas servir de
prétexte à l'abandon des services publics et de la souveraineté des
États, notamment en termes de fiscalité.


-- 
Meryem Marzouki - Pages personnelles : http://asim.lip6.fr/~marzouki
IRIS - 294 rue de Charenton, 75012 Paris, France 
Tel/Fax: +33(0)144749239 - http://www.iris.sgdg.org


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