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Date: Wed, 29 Sep 1999 07:54:49 +0200 
Subject: LES IRIS N. 6 - Numero special Hourtin99


                             Numéro six (28-09-99)
      Numéro spécial consacré aux déclarations du gouvernement à Hourtin

     « LES IRIS »  vous offre  des  informations sur  les activités  de
     l'association,  et  sur  l'actualité  Internet, sans  prétendre  à
     l'exhaustivité. La lettre est  aussi une invitation à prendre part
     à  notre  réflexion.  Elle  est  complétée  par  l'agenda  d'Iris
     (http://www.iris.sgdg.org/info-debat/agenda99.html). Ce numéro six
     est un  numéro spécial, constituant les  commentaires d'Iris suite
     aux déclarations  du gouvernement lors de  la vingtième Université
     d'été  à Hourtin,  du 23 au  27 août  1999. Ce numéro  complète le
     communiqué  de   presse  d'IRIS.   On  trouvera  les   textes  des
     interventions gouvernementales  à Hourtin. 23 au  27 août 1999 à :
     http://www.internet.gouv.fr/hourtin99/accueil.htm

                                 SOMMAIRE

     PRÉAMBULE : COMMUNIQUÉ DE PRESSE D'IRIS DU 30 AOÛT 1999
     Au-delà des beaux discours, la société de marché s'organise

     INCOHÉRENCES ENTRE DISCOURS ET ACTES
     Une fausse démocratie
     Une solidarité inexistante
     Télécommunications : un service public défaillant

     CONTRADICTIONS INCOMPRÉHENSIBLES
     Soutien aux amendements Bloche, mais proposition d'un organisme de
     « corégulation »
     Des aménagements nécessaires aux lois existantes, mais proposition
     d'une loi fourre-tout

     BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN
     Transposition tardive de la Directive sur la protection des
     données personnelles
     Transposition précipitée de la future Directive sur la signature
     électronique
     Numérique hertzien : à qui iront les canaux supplémentaires ?
     Droit d'auteur et exception culturelle : tout reste à faire

             PRÉAMBULE : communiqué de presse d'IRIS du 30 août
                                   1999

     Au-delà des beaux discours, la société de marché s'organise

     Les interventions  du Premier ministre et  de plusieurs membres du
     gouvernement  ont  quasi-exclusivement  porté  sur  les  nouvelles
     technologies  et  la  « société  de  l'information »  lors  de  la
     vingtième université d'été de  la communication à Hourtin. IRIS ne
     peut que  se féliciter de cet  intérêt des représentants de l'État
     pour les enjeux politiques,  économiques et sociaux que représente
     Internet.  En revanche,  le contenu des  différentes interventions
     suscite toute  notre inquiétude  par rapport au  traitement de ces
     enjeux,  révélateur d'une  dichotomie  entre les  discours et  les
     actes du gouvernement.

     Lionel Jospin  promet un  « espace de  communication démocratique,
     solidaire   et  pluraliste   »,  mais  l'Internet   non  marchand,
     l'Internet solidaire  et l'accès universel à  Internet ne trouvent
     pas leur  place dans cet espace  de communication tout entier voué
     au commerce électronique.

     Tout  aussi grave, le  Premier ministre  propose la mise  en place
     d'un  organisme  de   « corégulation »,  encore  plus  inutile  et
     susceptible   de  toutes   les  dérives   qu'au  moment   où  nous
     contestions,  il  y a  plus  d'un  an déjà,  cette proposition  du
     Conseil  d'État.  Cette  annonce  du Premier  ministre  intervient
     malgré  son soutien  aux  amendements Bloche,  qui enlèvent  toute
     justification éventuelle à l'existence d'un tel organisme. Nous ne
     pouvons nous expliquer une telle contradiction, et nous continuons
     à nous opposer à la mise en place d'un tel organisme.

     Cette   proposition   du   gouvernement   s'inscrit  encore   plus
     curieusement dans  le cadre de l'annonce  d'un projet de « loi sur
     la  société   de  l'information »,   porté  par  le   ministre  de
     l'Économie.  Si des  aménagements à  notre droit  sont nécessaires
     pour encadrer le développement du commerce électronique, notamment
     en  vue  de la  protection  du consommateur,  une loi  fourre-tout
     serait  en revanche  la  pire des  solutions. Cette  option serait
     d'ailleurs en contradiction avec les choix des pays partenaires et
     institutions  dont  nous  sommes membres,  et  même  avec ceux  du
     gouvernement jusqu'ici, comme en témoignent les textes de loi déjà
     préparés ou  déjà votés,  dont ceux cités par  le Premier ministre
     dans son intervention. On s'étonne à ce propos de la précipitation
     avec  laquelle  des  dispositions  sur la  signature  électronique
     seront proposées,  alors même que la  loi de libéralisation totale
     de la cryptographie semble remise à une date ultérieure.

     Enfin, tout  reste à faire sur l'un  des sujets les plus cruciaux,
     celui  de  la protection  du  droit  d'auteur et  de la  propriété
     intellectuelle.  Nous  nous félicitons  toutefois  de la  tendance
     annoncée par Lionel Jospin de ne pas transiger avec le principe du
     droit d'auteur.  Plus précisément, les positions  annoncées par la
     ministre  de la  Culture  sur son  refus d'un  « AMI-bis »  et son
     souhait  de ne  pas  limiter l'exception  culturelle aux  contenus
     audiovisuels classiques reçoivent  tout notre soutien : toutes les
     oeuvres   de   l'esprit  devraient   être   ainsi  protégées,   et
     l'interdiction  de  leur  brevetabilité  devrait  être  confirmée.
     C'est, nous  l'espérons, cette  position qui sera  défendue par le
     gouvernement dans son ensemble lors des prochaines négociations du
     « cycle du millénaire » à l'OMC.

                   INCOHÉRENCES ENTRE DISCOURS ET ACTES

     Une fausse démocratie

     Une fausse démocratie s'est installée depuis l'annonce du PAGSI en
     janvier 1998
     ( http://www.internet.gouv.fr/francais/textesref/pagsi.htm  ).  Le
     leurre  principal d'Internet,  celui d'une  prétendue « démocratie
     directe »,  prime  sur une  démocratie  participative réelle.  Les
     « consultations » se  font à grand renfort  de forum sur Internet,
     uniquement accessibles  à l'infime  partie de la  population ayant
     accès  à  Internet,  et sans  qu'aucune  synthèse  ne soit  jamais
     produite, sans qu'un vrai débat ait lieu. Cela ne date pas d'hier,
     le problème  est que cela dure  (IRIS. Lettre électronique N.1. 19
     janvier 1998 : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/li1.html#I-2).

     Une société  qui n'organise  plus le « vivre  ensemble », mais qui
     laisse les plus riches de ses composantes faire chacune valoir ses
     intérêts privés,  est une société qui perd  son sens. Le rôle d'un
     État  moderne  dans une  économie  de marché  est d'éviter  qu'une
     société  de  marché  s'organise.  Malgré les  beaux  discours,  ce
     rôle-là  n'est  pas rempli  dans  les  faits. Il  est  à ce  titre
     révélateur  que  les  associations   et  les  syndicats  sont  non
     seulement complètement  absents de ces discussions,  mais qui plus
     est  ignorés dans  les  décisions relatives  à cette  « société de
     l'information » : pas un seul  mot sur les modifications profondes
     du  travail  - et  notamment  la  précarité  des  emplois  créés -
     entraînées par  les nouveaux développements, ni  sur la nécessaire
     extension   des  libertés   syndicales  aux  nouveaux   moyens  de
     communication.

     Sur  ce  dernier point,  le  journal  « Entreprise et  Carrières »
     rapporte,  dans un  article sur  l'exercice du droit  syndical sur
     Internet  et  les  Intranet  des  entreprises, la  réponse  de  la
     ministre  de  l'Emploi  et  de  la  Solidarité à  une  question  à
     l'Assemblée.  En substance,  la  ministre déclare  que rien  n'est
     prévu dans  le droit à cet  égard, et que ce  sont les entreprises
     qui décident  elles-mêmes d'octroyer ce droit  ou non, et dans les
     conditions  qui leur  semblent souhaitables.  Ce constat,  tout le
     monde l'a  fait. En revanche, il ne  semble pas question de mettre
     ce point  à l'ordre  du jour du  Parlement, de sorte  que les lois
     régissant le droit syndical tiennent compte des nouveaux moyens de
     communications disponibles  au sein des  entreprises privées comme
     des  établissements publics.  Il devient  pourtant urgent  de s'en
     préoccuper, afin que l'exercice  du droit syndical ne devienne pas
     « la faveur du prince »  (lire le dossier réalisé par « Entreprise
     et   Carrières »  numéro   489   du  6   au  12   juillet   1999.
     http://www.entreprise-carrieres.presse.fr/  ).    À   lire   aussi
     régulièrement,  les   très  intéressantes  chroniques  de  Monique
     Fréchette,   éditrice   de  la   revue   en  ligne   « L'Itinérant
     électronique »  ( http://www.itinerant.qc.ca) :  de très  complets
     dossiers sur le droit  du travail et les libertés syndicales, avec
     un bon suivi de la situation française.

     Une solidarité inexistante

     Une   solidarité  inexistante   caractérise  cette   « société  de
     l'information » qui  se met  en place. Cette  année encore, aucune
     mesure n'est  prévue pour  l'insertion sociale et  la lutte contre
     l'exclusion. Les  actions et  projets, tous menés  par des acteurs
     associatifs,  ne   trouvent  de  soutien   qu'auprès  de  quelques
     fondations privées. À l'évidence, il n'y a ni volonté politique de
     promouvoir  un   Internet  solidaire,  ni   même  l'embryon  d'une
     réflexion à ce sujet.

     Là encore, la réalité pulvérise les beaux discours : si le taux de
     raccordement  des  lycées  et  collèges a  effectivement  beaucoup
     augmenté,  il est  principalement  à la  charge des  collectivités
     territoriales. Quant à l'utilisation de cette infrastructure, elle
     reste  soumise sur  le  terrain à  la bonne  volonté d'enseignants
     motivés et formés, le  plus souvent à titre personnel. Finalement,
     l'enseignement  de  l'option  informatique  dans  les  lycées  est
     supprimé, et  la volonté  de « rendre intelligibles  les moyens et
     systèmes informatiques  que chacun  est appelé à  utiliser dans sa
     vie quotidienne » est remplacée par une « mise à niveau » pour les
     élèves  qui au  collège  n'auraient pas  appris à  se  servir d'un
     traitement  de  texte et  d'un  tableur. Veut-on  se contenter  de
     former de bons « ouvriers de la société de l'information » ?

     On est donc forcé de se demander où est l'ouverture de l'école sur
     la société. On pourrait  commencer par ouvrir les locaux et mettre
     à  disposition le  matériel  informatique en  soirée, les  fins de
     semaine et  pendant les vacances, au  bénéfice des associations de
     quartier,  qui  ne demandent  qu'à  utiliser ce  matériel pour  la
     formation  des  publics  auxquels  elles s'adressent.  Puisque  un
     comité   interministériel   a  été   formé   pour  les   nouvelles
     technologies, ce qui est une excellente chose, il devrait inscrire
     à  son  ordre  du  jour une  coopération  de  cet  ordre entre  le
     ministère  de l'Éducation et  celui de  la Solidarité. Mais  on ne
     peut  que  conclure  à   l'absence  de  volonté  politique  de  se
     préoccuper  de  ces  questions,  quand  on  consulte  le  site  du
     ministère de  l'Emploi et de la  Solidarité : aucun projet portant
     sur  l'usage d'Internet  pour  des actions  de solidarité,  aucune
     réflexion sur ces questions.

     Télécommunications : un service public défaillant

     S'agissant des télécommunications,  privatisées, la baisse de leur
     coût est  laissée à  l'entière décision du marché,  et ne concerne
     par  conséquent  que  les  secteurs fortement  concurrentiels.  La
     récente  offre  de  France Télécom  du  forfait  « 20 heures  pour
     100 FF » est  un progrès, mais qui reste loin  de ce que l'on peut
     espérer, notamment  à cause des  conditions horaires d'application
     de  ce tarif. Quant  à l'annonce  de la demande  d'homologation du
     tarif de connexion à  la durée à raison de 28 centimes par minute,
     c'est  exactement...le  tarif normal  des communications  locales,
     toujours  trop chères,  et sur  lesquelles France Télécom  n'a par
     ailleurs perdu que moins  de 3% du marché. Aucune originalité dans
     cette  offre, elle  ne  fait qu'entériner  la tendance  des offres
     d'« accès gratuit », le fournisseur  de cette offre pouvant être à
     présent n'importe quel  fournisseur d'accès (Wanadoo compris), qui
     se verrait reverser une partie du prix de la communication locale.
     C'est  là  une  décision  d'autant plus  avantageuse  pour  France
     Télécom qu'elle  implique, en  l'absence de plus  de précision, de
     payer les  communications au  tarif normal dans le  cadre de cette
     offre,  même  pendant  les  heures  où le  tarif  est  normalement
     réduit !

     France  Télécom,   dont,  rappelons-le,   l'État  est  actionnaire
     majoritaire,  non seulement  continue à  faire des profits  sur le
     secteur non  concurrentiel et quasiment  captif des communications
     locales, mais  de surcroît limite soigneusement  ses pertes sur ce
     secteur,  par   une  offre   d'esbrouffe  (économie  du   prix  de
     l'abonnement  auprès  d'un fournisseur  d'accès).  Là encore,  une
     vraie  volonté  politique  de   garantie  du  service  public  des
     télécommunications, et  de l'accès  à Internet, ne  saurait passer
     que  par   une  forte   diminution  du  prix   des  communications
     téléphoniques  locales. Si  cette  décision était  enfin prise  un
     jour,  elle  nous  épargnerait de  surcroît  de  voir fleurir  les
     « offres  mirobolantes »  des  autres  opérateurs ou  fournisseurs
     d'accès.  Comme  l'analyse   le  journal  Libération,  ces  « prix
     cassés », proposés  à perte  pour les fournisseurs  concernés, ont
     finalement plus  pour objectif de faire  baisser les prix demandés
     par France  Télécom aux opérateurs  concurrents pour l'utilisation
     de son réseau, que  de faire baisser les tarifs pour l'utilisateur
     final (cf. Libération du 8 septembre 1999 :
     http://www.liberation.fr/multi/actu/semaine990906/art990908b.html).

     L'annonce de déploiement par France Télécom de la technologie ADSL
     (Asymmetric  Digital Subscriber  Line, une  technologie qui permet
     des communications de données à haut débit en utilisant les lignes
     téléphoniques  standards constituées  de fil de  cuivre, moyennant
     des  modifications  d'équipement  en  bouts  de  ligne)  est  plus
     intéressante, mais reste confinée à quelques quartiers, et ne sera
     de toutes  façons pas  étendue à l'ensemble  du territoire. France
     Télécom  envisage plutôt  une technologie  basée sur  le satellite
     pour les zones à  faible densité de population (cf. l'intervention
     du  président  de  France  Télécom  à  Hourtin.  23  août  1999 :
     http://www.francetelecom.fr/vfrance/actualite/evt.htm    ).     En
     attendant  que  tout  cela  se  mette  en  place, pas  un  mot  du
     gouvernement  sur  un  éventuel  service universel,  à  défaut  de
     service public. Enfin, qu'il  s'agisse du câble ou de l'ADSL, tous
     deux  permettant la  connexion permanente  et donc  la possibilité
     technique  d'être son  propre  serveur, les  contrats léonins  des
     sociétés  qui  commercialisent ces  offres  empêchent en  pratique
     cette  possibilité, soit  par une  limitation plus  importante que
     celle imposée  par la  technologie du débit en  remontée, soit par
     une tarification bien plus élevée du service.

                     CONTRADICTIONS INCOMPRÉHENSIBLES

     Soutien aux amendements Bloche, mais proposition d'un organisme de
     « corégulation »

     Le gouvernement  réitère son  soutien aux amendements  Bloche à la
     loi sur  la liberté de communication  (IRIS. Dossier consacré à la
     loi sur la liberté de communication.
     http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm),  et écarte tout danger
     de  création  d'une   autorité  indépendante  spécifique  pour  la
     régulation  des contenus  sur le  réseau. Nous nous  en félicitons
     d'autant  plus  que  nous  avons  réclamé depuis  la  création  de
     l'association  un tel  texte, qui  clarifie la  responsabilité des
     intermédiaires  techniques,  tous  en  respectant les  droits  des
     citoyens. En effet, le  texte précise qu'un fournisseur d'accès ou
     d'hébergement ne doit supprimer un contenu que lorsqu'une autorité
     judiciaire l'estime délictueux.  Nous nous félicitons également du
     message  très clair  lancé  au CSA,  comme à  l'ART,  autorités de
     régulation existantes,  indiquant que leurs  compétences ne seront
     pas étendues à Internet.

     Cette annonce est d'autant plus heureuse que, pour ce qui concerne
     le  CSA,  les appétits  étaient  déclarés :  après la  proposition
     d'amendements en ce sens  à la loi sur la liberté de communication
     de  la  part de  certains  députés, Hervé  Bourges avait  lui-même
     publié  une  tribune dans  le  journal Le  Monde, affirmant  cette
     volonté  au  point  d'organiser  des conférences  des  régulateurs
     internationaux. Grande publicité était d'ailleurs faite dans cette
     tribune,  comme dans  des articles  du Monde  qui ont suivi,  à la
     prochaine conférence des régulateurs  qui se tiendra à l'UNESCO le
     30 novembre  prochain, à  l'invitation du CSA. Ceux  qui ont suivi
     toutes  les  tentatives précédentes,  effectuées  sans succès  par
     Hervé Bourges  depuis 1996 pour se  voir confier la régulation des
     contenus   sur  Internet,   noteront  avec  amusement   le  nouvel
     argumentaire utilisé. En effet,  M. Bourges semble avoir abandonné
     (mais  c'est  encore  tout  récent)  les vieilles  lunes  du  type
     « Internet repaire  de pédophiles et de  nazis », pour s'ériger en
     défenseur des  pays du Sud, et  du rôle de l'UNESCO  face à l'OMC.
     Intéressant,  et assez  habile.  (Hervé Bourges.  L'UNESCO et  les
     pendules d'Internet.  Le Monde, Horizons Débats.  30 juillet 1999.
     http://www.lemonde.fr).  Outre ces tribunes et  autres échos de la
     gourmandise du CSA dans  la presse, on note que cet organisme mène
     une  offensive tout  à  fait considérable  sur la  question  de la
     régulation des contenus : la préparation du sommet des régulateurs
     du 30 novembre a déjà donné lieu, outre des réunions de secteur, à
     la production  et la large diffusion  d'un texte de positionnement
     intitulé « La régulation  des services audiovisuels sur Internet :
     enjeux et problématiques »,  accompagné de l'inévitable forum pour
     commentaires sur le site du CSA
     (http://www.csa.fr/html/regul.htm). On  pourrait croire que le CSA
     limite à présent ses  ambitions aux services audiovisuels, mais ce
     n'est pas  vraiment le cas,  il suffit pour s'en  rendre compte de
     lire l'intervention  publique de  Hervé Bourges lors  du forum des
     régulateurs qui s'est tenu à Kuala Lumpur du 3 au 5 septembre 1999
     (http://www.csa.fr/html/inter1u.htm ). Rendons tout  de même grâce
     au CSA de nous avoir invité à participer à une table-ronde dans le
     cadre  de  sa  journée  d'études  du 14  octobre  1999,  intitulée
     « Communication  audiovisuelle  et Internet ».  Une occasion  pour
     IRIS,  seul  représentant  associatif   non  lié  à  des  intérêts
     industriels  invité,  d'apporter   la  contradiction  lors  de  la
     table-ronde  sur  le thème :  « Le  monde  de l'Internet :  espoir
     démocratique ou menace inégalitaire ? ».

     Au-delà des prétentions des  uns ou des autres, la question est de
     savoir  pourquoi le  Premier  ministre affirme  que « le  réseau a
     besoin d'une forme de  régulation adaptée ». La loi ne serait-elle
     pas suffisamment adaptée, dans un État de droit ? Lionel Jospin se
     réfère  aux  propositions  du  Conseil d'État,  dans  son  rapport
     (Conseil d'État. Rapport sur Internet et les réseaux numériques. 8
     septembre 1998 :
     http://www.internet.gouv.fr/francais/textesref/rapce98/accueil.htm).
     Mais   la  proposition   d'organisme  de   « corégulation »  était
     justifiée dans ce rapport justement par l'absence de clarification
     des responsabilités des intermédiaires. Nous avions déjà démontré,
     dans  notre commentaire  du rapport  du Conseil d'État,  qu'un tel
     organisme était non seulement inutile, mais surtout dangereux pour
     l'État de  droit. Après  l'adoption des amendements  Bloche, et le
     parfait consensus qu'ils ont suscité - même moyennant des demandes
     de   précision   dans   la   rédaction -,  non   seulement   cette
     démonstration est encore plus  vraie, mais les déclarations d'IRIS
     à ce sujet en date de septembre 1998 sont encore plus d'actualité,
     c'est  pourquoi  nous   les  répétons  ici :  « Cette  proposition
     d'organisme  de corégulation,  qui  ne pourra  que satisfaire  des
     intérêts  particuliers, financiers  ou de  carrière, au  mépris du
     droit  des   citoyens,  ne   devrait  pas  être   retenue  par  le
     gouvernement, et  nous saurons  nous mobiliser pour  expliquer les
     dangers  de  cet  organisme  proposé,  comme nous  avons  su  nous
     mobiliser,  en  d'autres   circonstances,  pour  faire  échec  aux
     tentatives  qui ont  précédé,  depuis juin  1996. » (IRIS.  Lettre
     électronique N.4.  Numéro spécial  consacré au rapport  du Conseil
     d'État. 28 septembre 1998 :
     http://www.iris.sgdg.org/les-iris/li4.html#IV-4).

     Les intérêts  particuliers n'ont d'ailleurs pas  tardé à reprendre
     du  poil  de  la  bête : aussitôt  après  le  discours du  Premier
     ministre à Hourtin, le  GESTE (Groupement des éditeurs de services
     en  ligne,   http://www.geste.fr)  se  félicitait  ainsi de  cette
     annonce dans  son communiqué de  presse en date du  27 août 1999 :
     « GESTE  se félicite  de l'annonce  de la création  prochaine d'un
     organisme spécifique basé sur  le principe de la co-régulation. Il
     devra associer majoritairement  les professionnels et être financé
     principalement par des fonds  publics. ». Le GESTE est à fond pour
     la   « corégulation »,    mais   beaucoup    moins   partisan   du
     cofinancement... Il est vrai  que « le GESTE regroupe une centaine
     de sociétés  (TF1, Canal+, Hachette, Havas,  Le Monde, Libération,
     NRJ,  Europe 1,  ...) », toutes  en-dessous du seuil  de pauvreté,
     c'est bien connu... C'est dire si le discours de Lionel Jospin est
     une heureuse  nouvelle pour le GESTE,  alors que le député Patrick
     Bloche,  invité de  l'assemblée générale  du GESTE le  1er juillet
     1999, sur  le thème : « Bientôt une  "loi Internet" en France ? »,
     opposait  un  « Niet »,  un  peu  trop confiant  sans  doute,  aux
     réclamations d'Antoine  Beaussant, président du  GESTE, revenant à
     la charge  sur un  tel organisme. Rappelons  que Antoine Beaussant
     présidait déjà en 1996  la « Commission Beaussant », mise en place
     par  François  Fillon, alors  ministre  des Télécommunications,  à
     l'origine de  la « Charte de l'Internet »  et de la proposition de
     « Conseil de l'Internet » (http://www.planete.net/code-internet/),
     tant  décriés  - à  raison -  par le  rapport  du  Conseil d'État
     (http://www.internet.gouv.fr/francais/textesref/rapce98/accueil.htm),
     et  soigneusement  enterrés  par  François Fillon  comme  par  son
     successeur.

     L'AFA (Association des fournisseurs d'accès :
     http://www.afa-france.com) est  également sur les rangs, peut-être
     même avec  quelques longueurs  d'avance : l'AFA rappelle  dans son
     communiqué  de  presse  du  30  août  que  « l'industrie  Internet
     s'organise, dans  la mesure des  moyens conférés par la  loi à des
     organisations  privées, en  créant à  l'automne le  premier réseau
     européen de points de  contacts sur les contenus illégaux relatifs
     à  la pornographie  enfantine ». On  suppose que l'AFA,  comme ses
     collègues de  l'EuroISPA (équivalent de l'AFA  au niveau européen,
     actuellement présidé par l'AFA),  se chargera de traiter elle-même
     les plaintes  reçues. Quel sera le  traitement réservé par l'AFA à
     ces plaintes ? « AFA Point  de Contact n'est pas pour l'instant en
     mesure de recevoir de réclamations concernant de contenus présumés
     illégaux. » (cf.  http://www.afapc.org/index_net.htm ). Sans doute
     un traitement  aussi éloigné de l'État  de droit que ceux réservés
     par  les « points de  contacts ou  hotlines » mis en  place depuis
     quelques  années au  Royaume-Uni et  au Pays-Bas, dont  se réclame
     l'AFA (cf.
     http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-ce/section5.html ,  et
     http://www.childnet-int.org/hotlines/hotlines.html).

     Une  fois  de plus,  la  seule  question qui  mérite d'être  posée
     demeure : en vertu de quoi Internet justifierait que la justice et
     la police,  ainsi que  leurs services auxiliaires,  ne soient plus
     assurés par l'État, mais par des entreprises privées, aux intérêts
     privés ? À  ceux qui  prétexteraient des difficultés  de mener ces
     tâches  à bien sur  Internet, nous  continuons de répondre  que la
     solution  réside dans  l'adaptation  de la  procédure pénale  (cf.
     http://www.iris.sgdg.org/les-iris/li4.html#IV-4         et
     http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-ce/section2.html   pour
     des propositions précises à ce sujet).

     Des aménagements nécessaires aux lois existantes, mais proposition
     d'une loi fourre-tout

     Toujours  à Hourtin,  le Premier  ministre a annoncé  pour l'année
     2000  un « projet de  loi sur  la société de  l'information », qui
     serait  porté par le  ministre de  l'Économie, des Finances  et de
     l'Industrie. On  pense tout  de suite à  une loi pour  encadrer le
     développement du  commerce électronique, en  effet nécessaire pour
     la  protection du  consommateur  et d'une  façon plus  générale du
     citoyen, qui n'est pas que consommateur. La situation devient vite
     préoccupante  en  effet,  au   niveau  national  comme  au  niveau
     international.  Comment adapter  les contrats et  les transactions
     commerciales  en ligne de  sorte que  le consommateur ne  soit pas
     lésé ? Comment établir, au  niveau international, des standards de
     protection  du consommateur,  de  sorte que  le droit  du  pays du
     consommateur   s'applique,  par   exemple ?  Comment   fixer  sans
     contestation   possible  les   législations  applicables   et  les
     juridictions  compétentes, ainsi  que  les instances  adéquates de
     résolution de conflit ? Voilà plusieurs questions ayant trait à la
     protection  du consommateur  qui  demandent à  être débattues,  et
     fixées  en   coordination  avec  les  autres   pays,  puisque  les
     transactions commerciales peuvent se faire dans un pays différent.
     Mais  il  y  a   d'autres  questions  posées  au  citoyen  par  le
     développement du  commerce électronique, et ces  questions sont de
     l'ordre  de  la  protection  de  la  vie  privée  et  des  données
     personnelles. Va-t-on là aussi laisser faire le privé qui réclame,
     en France comme ailleurs,  qu'on le laisse s'« autoréguler » ? Les
     sociétés  commerciales  prennent d'ailleurs  les  devants, par  un
     lobbying  tout à  fait  puissant auprès  des gouvernements  et des
     institutions et  organisations internationales, organisant congrès
     et colloques à tour  de bras, et publiant des rapports à la pelle.
     Mais ces sociétés ne  se contentent pas de faire du lobbying, même
     si elles sont très  écoutées. Elles veulent elles-mêmes « créer la
     confiance » dans le grand  public, en affichant à grands frais par
     voie de  presse leurs  « chartes » : voir par exemple  celle de la
     société    Vivendi,   nommée    « charte    Internet-confiance »
     ( http://www.vivendi.com/fr/html/charte/index_FR.htm ), ainsi  que
     l'interview   de  son   PDG,  Jean-Marie  Messier,   publiée  dans
     Libération du 11 septembre 1999
     (http://www.liberation.com/multi/actu/semaine990906/art990911b.html).
     Rappelons que Vivendi, c'est à la fois les « tuyaux » (Cegetel) et
     ce  qui y  circule, qu'il  s'agisse d'information  (Havas, Canal+,
     ...), ou  de tout  autre fluide... Pour  ne pas laisser  faire les
     intérêts privés à leur guise, il est donc important d'encadrer les
     pratiques   du  commerce   électronique  en  légiférant   sur  ces
     questions. On  continue d'espérer que  le gouvernement consultera,
     notamment des  représentants de la société  civile, avant de faire
     ses propositions.  En tout état de cause,  le débat vient une fois
     de  plus du  secteur associatif,  avec la troisème  conférence sur
     « la  place  du  citoyen  dans  le  commerce  électronique »,  une
     conférence internationale  à l'initiative d'ONGs  et de syndicats,
     et co-organisée par Iris,  qui se tiendra le 11 octobre à l'OCDE à
     Paris  (http://www.iris.sgdg.org/actions/publicvoice99),  au cours
     de laquelle on débattra de ces questions.

     Le problème dans l'annonce du Premier ministre est qu'il ne s'agit
     pas   seulement    d'encadrer   le   développement   du   commerce
     électronique.  Il s'agit  d'une véritable « loi  fourre-tout », où
     l'on  traitera  pêle-mêle  des  questions  relatives  au  commerce
     électronique,   mais  aussi   de  liberté  de   communication,  de
     cryptographie, de  lutte contre la délinquance,  de protection des
     droits d'auteur... On sait déjà que le gouvernement compte réguler
     spécifiquement les contenus sur  Internet, et on sait qu'il entend
     le faire  par la mise en  place d'un organisme de « corégulation »
     (cf.  ci-dessus   pour  ces   pratiques  antidémocratiques).  Cela
     n'augure rien de bon pour le reste. Mais surtout, cette volonté de
     proposer une loi globale  pour Internet est stupéfiante : elle est
     d'abord en  contradiction avec les choix  faits par d'autres pays,
     comme par  l'Union européenne ; elle est  ensuite en contradiction
     avec les  choix déjà  effectués par ce même  gouvernement pour les
     questions liées  à Internet  (loi sur les  télécommunications, loi
     sur l'audiovisuel,  projet de  loi sur la  signature électronique,
     etc.) ; elle est enfin et surtout en contradiction avec tout notre
     droit, et démontre une singulière compréhension d'Internet : on se
     demande dans quel esprit  - mais surtout dans quel but - a bien pu
     germer  une   telle  décision   de  légiférer  sur   un  moyen  de
     communication en particulier, alors qu'en l'occurrence, les usages
     de ce  moyen de communication sont  extrêmement divers, et peuvent
     de  ce  fait  toucher  à tous  les  problèmes  socio-économiques :
     travail,    santé,   éducation,   culture,    communication,   vie
     démocratique,  respect  des  libertés,  justice,  police,  service
     public,  mais aussi  finances, économie, innovation  et recherche,
     commerce, sans  oublier la  régulation de la  concurrence dans les
     services   de  télécommunication.   Est-ce  que   le  gouvernement
     souhaiterait un régime d'exception pour Internet ? Tout porte à le
     croire, et à s'en inquiéter sérieusement.

                        BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN

     Transposition tardive de la Directive sur la protection des
     données personnelles

     Il était  temps, en effet, de  mettre au point cette transposition
     de  la   Directive  européenne  sur  la   protection  des  données
     personnelles,  adoptée depuis  1995,  et entrée  en vigueur  le 25
     octobre  1998 (Directive  95/46/CE  relative à  la protection  des
     personnes  physiques  à  l'égard   du  traitement  des  données  à
     caractère personnel  et à la libre  circulation de ces données. 24
     octobre 1995 :
     http://europa.eu.int/eur-lex/fr/lif/dat/1995/fr_395L0046.html   ).
     Après l'envoi  d'un avis motivé par  la Commission fin juillet, la
     France  ne dispose  plus que  de deux  mois avant  que la  Cour de
     justice européenne puisse être saisie à ce sujet par la Commission
     (cf. Communiqué  de presse de la CE.  IP/99/592. 29 juillet 1999 :

http://europa.eu.int/rapid/start/cgi/guesten.ksh?p_action.gettxt=gt&doc=IP/99/59
2|0|RAPID&lg=FR).
     Ce  calendrier  suscite toutes  les  craintes  quant au  processus
     d'adoption de  la nouvelle  loi « Informatique et  libertés » (cf.
     l'état de  la transposition  de la Directive  95/46/CE, d'après la
     CNIL : http://www.cnil.fr/actu/directiv.htm).

     Transposition précipitée de la future Directive sur la signature
     électronique

     La  précipitation  est  beaucoup  plus  patente  lorsqu'il  s'agit
     d'offrir des  garanties pour  la signature de  contrats : le texte
     relatif à  la signature  électronique a été adopté  en Conseil des
     ministres début septembre

(http://www.legifrance.gouv.fr/citoyen/legifrance_actualite/Fr/preparation/preuv
enti.htm,
     alors que la position  commune du Conseil au sujet de la Directive
     sur la signature électronique vient d'être publiée (JOCE. C243. 27
     août 1999 :
     http://europa.eu.int/eur-lex/fr/oj/1999/c_24319990827fr.html    ).
     Comment adopter des dispositions  faisant appel à la cryptographie
     et à  l'instauration de tiers certificateurs  aux obligations très
     précises   (cf.   l'article   de   Valérie  Sédallian :   Commerce
     électronique  :   les  réformes   européennes.  12  juin   1999 :
     http://www.juriscom.net/espace2/comelec2.htm  ),  alors   que  ces
     questions  ne  pourront être  complètement  traitées  que dans  le
     contexte  de  la  nouvelle  loi  sur  la  cryptographie,  dont  la
     présentation n'aura lieu que l'année prochaine ?

     En   effet,   la  question   clé   reste   celle  des   organismes
     certificateurs  pour   la  signature  électronique.  La  Directive
     européenne précise par exemple  que la signature électronique doit
     « être créée  par des moyens que  le signataire puisse garder sous
     son  contrôle  exclusif »,  et  que les  tiers  certificateurs  ne
     doivent pas  conserver la  clé privée de  signature. Au vu  de ces
     exigences, et des détails  de la Directive, il devient évident que
     la chronologie  proposée par le gouvernement  n'est pas adéquate :
     c'est bien par la  libéralisation totale de la cryptographie qu'il
     faut commencer,  de façon à transposer  facilement et correctement
     la Directive sur la  signature électronique dans la foulée. Enfin,
     il  ne faut  pas négliger  le problème  lié à la  disponibilité de
     logiciels  corrects de  certification,  permettant le  respect des
     dispositions de  la Directive  européenne : on retrouve  là encore
     les  problèmes   posés  la   politique  américaine  d'interdiction
     d'exportation de  produits de  cryptographie corrects, même  si un
     assouplissement  a  pu être  récemment  observé  (par exemple,  le
     RC2/40 a pu être « craqué », cf.
     http://www.counterpane.com/smime.html  )   et   par  l'accord   de
     Wassenaar  (cf.   http://www.iris.sgdg.org/axes/crypto/campagne ).
     Christian  Pierret   a  déclaré  à  Hourtin   que :  « avec  SAGEM
     notamment, La  Poste a créé la  première autorité de certification
     entièrement   française :  elle   permettra  aux   internautes  et
     intranautes  de  signer  et   chiffrer  leurs  messages  en  toute
     sécurité.  Entièrement interopérable  avec les divers  systèmes de
     navigation sur le NET, la clé de certification Certinomis sera par
     exemple  intégrée  dans  la   prochaine  version  du  logiciel  de
     navigation Microsoft ». On trouvera plus de détails sur le site de
     Certinomis :  http://www.certificat.com/ . Toutefois,  ces détails
     resteront limités  pour ceux qui ne  souhaitent pas aller jusqu'au
     bout du  processus de  certification : on trouve  relativement peu
     d'information sur  le site,  et l'on ne sait  pas, en particulier,
     quelles garanties sont fournies ni quels logiciels sont utilisés :
     est-ce  ainsi que  l'on  croit pouvoir  « créer la  confiance » du
     consommateur ?

     Numérique hertzien : à qui iront les canaux supplémentaires ?

     La loi  sur l'audiovisuel  prendra en compte,  dans les prochaines
     étapes  d'examen, le  numérique hertzien. La  question essentielle
     reste de  savoir à qui seront  attribués les nouveaux canaux ainsi
     accessibles,  groupes privés  déjà sur  les rangs,  ou initiatives
     locales, en particulier associatives,  qui se sont déjà vu refuser
     par le CSA l'autorisation d'émettre, comme OSF
     (http://bregantin.org/connexe/osf/) ? Cette interdiction n'empêche
     pas OSF de continuer à émettre, et la chaîne annonce d'ailleurs la
     reprise de ses émissions  pour le 2 octobre 1999. Notons que cette
     annonce  sur le  numérique hertzien  a eu  lieu alors même  que la
     Coordination  Permanente des  Médias  Libres a  été contrainte  de
     déprogrammer   la   diffusion   des   émissions  prévues   pendant
     l'université d'Hourtin  (http://www.medialibre.org/). Une nouvelle
     « prise de  la Bastille audiovisuelle » est  d'ailleurs prévue par
     la  Coordination  pour  le   2  octobre,  avec  toujours  la  même
     revendication,  à  savoir la  reconnaissance d'un  « tiers-secteur
     audiovisuel ».

     Droit d'auteur et exception culturelle : tout reste à faire

     La protection du droit  d'auteur et de la propriété intellectuelle
     est un  problème crucial  qui se pose  sur Internet. Il  est aussi
     très  délicat : on ne  peut pas  considérer le droit  d'auteur sur
     Internet,  où les  contenus sont  librement accessibles  sans être
     forcément  du domaine  public, comme  on l'a traité  jusqu'ici, au
     niveau  national  ou  international.  De  nouvelles  questions  se
     posent, notamment  sur la  durée d'exercice du  droit patrimonial,
     pour des contenus régulièrement mis à jour, et qui ne peuvent donc
     pas être considérés comme figés à un moment donné. C'est peut-être
     l'occasion de  remettre à plat ces  questions, pour les examiner à
     la lumière de cette nouvelle donne. On a également vu des conflits
     surgir entre  auteurs et éditeurs,  par exemple dans le  cas de la
     presse écrite lorsque les  contenus sont ensuite mis en ligne sans
     forcément accord  des journalistes, et  surtout sans renégociation
     de  rétribution.  Tous ces  aspects  doivent  faire l'objet  d'une
     réflexion  approfondie,  avec toutes  les  parties concernées,  et
     notamment les  syndicats et sociétés d'auteurs.  La question de la
     propriété intellectuelle sur Internet ne se résume pas au problème
     du MP3 ! Le Premier  ministre s'est engagé à diffuser largement au
     mois  d'octobre un  document  d'orientation pour  consultation. On
     espère que ce document traitera la question dans son ensemble.

     Mais on  ne peut que se féliciter  d'ores et déjà de l'attachement
     manifesté par Lionel Jospin  au régime du droit d'auteur, et de sa
     réaffirmation du fait que  les oeuvres de l'esprit ne sont pas des
     marchandises.  La ministre  de la  Culture s'est exprimée  dans le
     même sens, pour défendre  à nouveau l'« exception culturelle », et
     pour  son   extension  à   d'autres  contenus  que   les  contenus
     audiovisuels   classiques.   Plus   important  encore,   Catherine
     Trautmann a exprimé son refus d'un « AMI-bis », et on ne peut qu'y
     être attentif,  alors que les prochaines  négociations du cycle du
     millénaire s'ouvriront à l'OMC au mois de novembre prochain. C'est
     cette  position qui  doit être  défendue par  la France  au niveau
     international. Mais, si la  ministre de la Culture est rassurante,
     on peut  s'inquiéter des propos tenus  à Hourtin également par son
     collègue secrétaire d'État au  Commerce Extérieur, qui déclarait à
     propos des prochaines négociations de l'OMC : « les discussions en
     cours montrent là aussi  que cela ne va pas de soi, notamment pour
     déterminer  la frontière  marchandise/service  lorsqu'on considère
     des produits  téléchargés sur Internet (livre  ou CD). La position
     de  la France  et  de l'Union  européenne est  qu'il s'agit  là de
     prestations de services ». S'il s'agit de prestations de services,
     sachant que l'Union européenne est très chatouilleuse sur la libre
     circulation des  services, quelle  « exception culturelle » pourra
     être défendue ? Quelle sera  finalement la position de la France à
     l'OMC sur  la question de la  protection des oeuvres de l'esprit ?
     Quelle sera sa position sur la brevetabilité de ces oeuvres, alors
     que  la convention  de Munich,  qui interdit la  brevetabilité des
     logiciels, allait être modifiée  sur ce point en juin dernier (cf.
     http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-munich0699.html) ?

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     Conception et rédaction de ce numéro : Meryem Marzouki.


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