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Date: Mon, 20 Mar 2000 12:13:48 +0100
Subject: Responsabilite des fournisseurs : Patrick Bloche renie ses
propres amendements

Bonjour à tous,

Vous trouverez ci-après le communiqué de presse d'Iris en réaction aux
propositions d'amendements adoptées par la Commission des Affaires
culturelles de l'Assemblée nationale, en préparation à l'examen en
deuxième lecture à l'Assemblée du projet de loi sur la liberté de
communication.

En résumé, les pressions de diverses provenances semblent avoir été
assez fortes pour que le député Patrick Bloche revienne sur la
position qu'il avait défendue jusqu'ici, sans beaucoup d'autres
soutiens il est vrai que celui des acteurs de l'Internet non marchand
et solidaire, qui ne se sont peut-être pas encore suffisamment fait
entendre.

Cela est regrettable, mais la discussion à l'Assemblée aura lieu du 21
au 23 mars, et d'autres étapes de remise en cause de ces dispositions
peuvent être espérées à l'occasion de la prochaine présentation du
projet de loi sur la société de l'information, en principe à l'automne
prochain. Iris compte sur votre mobilisation à tous dans ce cadre,
afin que les parlementaires et les pouvoirs publics ne consacrent pas
la loi du plus fort.

Adresse de ce communiqué de presse sur le web :
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-caf-an0300.html

Dossier complet d'Iris sur le projet de loi :
http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm

Meryem Marzouki (Iris).
-----------------------
Responsabilité des intermédiaires techniques :
le député Patrick Bloche renie ses propres amendements

Communiqué de presse d'IRIS - 20 mars 2000

La Commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale a
adopté le 8 mars 2000 ses propositions d'amendements à la loi sur la
liberté de communication, qui sera examinée en deuxième lecture à
l'Assemblée à partir du 21 mars 2000.

Concernant Internet et la responsabilité des intermédiaires
techniques, la Commission a adopté les propositions du député Patrick
Bloche (PS) de supprimer plusieurs des modifications introduites par
le Sénat :
 - institution d'un conseil supérieur des technologies de
   l'information,
 - référence à Internet comme un service de communication
   audiovisuelle,
 - obligation pour les fournisseurs Internet de s'assurer de
   l'identité de leurs abonnés,
 - responsabilité des fournisseurs dans de nombreux cas relevant de la
   simple activité de prestataire d'accès ou de service.

Iris se félicite de la suppression de ces dispositions introduites par
le Sénat, qui avaient été commentées et qualifiées de réactionnaires
par l'association dans son communiqué de presse daté du 23 janvier
2000 [1].

En revanche, il semble que le député Patrick Bloche ait cédé aux
pressions multiples, du gouvernement comme de certaines associations,
au point de renier ses propres amendements, adoptés par l'Assemblée
nationale en première lecture le 19 mai 1999 [2,3].
Le député, suivi par la Commission des Affaires culturelles, propose
en effet d'étendre ses amendements, de sorte que la responsabilité des
fournisseurs soit engagée si, « ayant été destinataires d'une mise en
demeure d'un tiers estimant que le contenu qu'elles hébergent de
manière directe et permanente est illicite et lui cause un préjudice,
elles n'ont pas procédé aux diligences appropriées, l'autorité
judiciaire demeurant seule juge du caractère illicite du contenu en
cause ».

Malgré des précautions toutes rhétoriques (« l'autorité judiciaire
demeurant seule juge du caractère illicite du contenu en cause »), la
nouvelle rédaction proposée par Patrick Bloche met bel et bien tout
contenu critique ou déplaisant à la merci de la première mise en
demeure adressée à un fournisseur d'hébergement. La notion de «
diligences appropriées » restant à l'appréciation de tribunaux dont
les décisions sont pour le moins variables [4], le fournisseur
d'hébergement aura vite fait de se plier à n'importe quelle mise en
demeure par simple lettre recommandée ou par voie d'huissier, pour
supprimer tout contenu litigieux sans aucune possibilité de procédure
contradictoire : il est plus que probable en effet que, dans de
nombreux cas, l'autorité judiciaire ne sera même pas saisie, l'auteur
de la mise en demeure ayant obtenu satisfaction par le « nettoyage »
ainsi diligentement effectué.

Iris regrette profondément que Patrick Bloche, dans un souci de
recherche de compromis improbable, dénature ainsi lui-même ce qu'il
avait pourtant jusqu'ici eu le courage de défendre : le respect de la
démocratie et de la liberté d'expression, sans pour autant
déresponsabiliser ni les auteurs de contenus, ni les intermédiaires
techniques.

La discussion à l'Assemblée nationale laisse encore la possibilité de
modifier cette proposition, qui semble d'ailleurs rédigée bien
hâtivement (extension à la responsabilité pénale, mais limitée aux
atteintes aux droits des tiers : contre quel type de contenus veut-on
lutter exactement ?!) [5].
Iris espère encore que les députés, à commencer par Patrick Bloche
lui-même, sauront revenir au texte de l'amendement adopté en première
lecture en l'étendant correctement à la responsabilité pénale, afin de
faire triompher la démocratie et les libertés sur la loi du plus fort
lobby.

Références :
[1] Iris dénonce une dérive lourde de dangers : avec le Sénat, les
fournisseurs Internet deviendraient à la fois policiers, juges et
censeurs. Communiqué de presse Iris, 23 janvier 2000.
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-senat0100.html
[2] Amendements Bloche : l'espoir d'un Internet démocratique.
Communiqué de presse Iris, 18 mai 1999.
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/amend-bloche0599.html
[3] Adoption des amendements Bloche : un vote en faveur de la
démocratie et des libertés. Communiqué de presse Iris, 31 mai 1999.
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/vote1-an0599.html
[4] Fournisseurs d'hébergement : ni responsables, ni coupables, mais
solvables. Communiqué de presse Iris, 16 décembre 1999.
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-nanterre1299.html
[5] Suivi des travaux parlementaires sur loi sur la liberté de
communication. Dossier complet d'Iris, régulièrement mis à jour.
http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm

Contact IRIS :
Meryem Marzouki (Meryem.Marzouki@iris.sgdg.org) - Tél : 0144749239 

-- 
Meryem Marzouki - Pages personnelles : http://asim.lip6.fr/~marzouki
IRIS - 294 rue de Charenton, 75012 Paris, France 
Tel/Fax: +33(0)144749239 - http://www.iris.sgdg.org


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