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Date: Thu, 17 Jun 1999 13:45:21 +0200 
Subject: [IRIS] Reforme de la Convention sur les brevets europeens : danger !

Bonjour à tous,

Vous trouverez ci-après le communiqué de presse d'IRIS dénonçant les
dangers d'une éventuelle réforme de la Convention européenne sur les
brevets, qui menace tout particulièrement les logiciels libres si les
logiciels venaient à être brevetés en Europe. Ils sont pour l'instant
considérés comme des oeuvres de l'esprit, et protégés par le droit
d'auteur.

Meryem.
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    Réforme de la Convention sur les brevets européens : danger !

            Communiqué de presse d'IRIS - 17 juin 1999

Avant l'ouverture de la conférence pour la réforme de la
Convention sur les brevets européens (CBE [1] ou Convention de
Munich) qui se tiendra les 24 et 25 juin 1999 à Paris, à
l'initiative du gouvernement français, IRIS dénonce les très
graves dangers que présente l'éventualité de la brevetabilité des
logiciels et demande instamment et publiquement au gouvernement
français :

- de s'exprimer clairement sur les positions qu'il défendra sur
le projet de réforme de la CEB lors de cette conférence,
- d' organiser un débat public sur la question de la
brevetabilité des logiciels comme des inventions
biotechnologiques, qui concerne tous les citoyens, avant de
prendre des décisions au niveau international,
- de tenir compte de la mobilisation contre l'AMI, et du
retrait de la France de cette négociation , après que les
dangers de l'AMI ont été révélés à tous en France,
- de prendre en considération toutes les alternatives à la
brevetabilité des logiciels qui peuvent lui être proposées,
par les nombreux acteurs nationaux et internationaux ayant
fait des propositions sur ces questions,
- de mettre en cohérence son discours favorable aux logiciels
libres avec ses actes en ce domaine. À titre d'exemple, tous
les stages d'informatique proposés dans le nouveau Plan
annuel de formation destiné aux enseignants sont fondés sur
la connaissance et la pratique des logiciels Microsoft, aucun
ne faisant référence au système Linux ni à d'autres logiciels
libres,
- de prendre enfin les mesures nécessaires pour que la
recherche et l'innovation en France cessent d'être mesurées
uniquement à l'aune des dépôts de brevets par les chercheurs,
et de leur rentabilité financière , comme le réaffirme
malheureusement le projet de loi sur l'innovation et la
recherche présenté par Claude Allègre, ministre de
l'Éducation et de la Recherche, et en cours de discussion au
Parlement [2].

          Pourquoi cette prise de position d'IRIS ?

La conférence des 24 et 25 juin réunira les représentants des
États membres de l'Organisation européenne des brevets (OEB [3]).
La réforme de la Convention est considérée par l'Union européenne
(UE) comme le préalable nécessaire à son adhésion à ce texte [4],
notamment sur la question de la brevetabilité des logiciels
(article 52).

Les logiciels sont actuellement protégés par le droit d'auteur,
selon une Directive de l'UE, et leur brevetabilité en tant que
tels est exclue par l'article 52 de la CBE, bien qu'en pratique
tant l'OEB que la jurisprudence aient déjà accepté que certains
logiciels soient brevetés, comme le note le rapport Lombard [5].
La pression pour modifier la CBE provient d'une part des
États-Unis et du Japon, pays ayant instauré la brevetabilité des
logiciels, mais également de sociétés commerciales qui seraient
avantagées par ce système de brevets.

Ce projet de réforme menace bien évidemment les logiciels libres,
leur développement et leur utilisation. Des voix s'élèvent déjà
pour le contester [6], et une pétition a été lancée par
l'association allemande FFII, sous forme de lettre ouverte à Karel
van Miert, commissaire européen à la Concurrence [7].

Toutefois, IRIS ne joindra pas sa signature au texte de cette
pétition, dont l'enthousiasme vis-à-vis de Karel van Miert et de
son action ne semble pas tenir compte de ses prises de position
opposées au service public. On peut citer par exemple une récente
dépêche de l'agence Reuters (21 mai 1999) rapportant les critiques
du commissaire européen adressées aux ministres des
Télécommunications européens ayant proposé d'inclure les services
Internet dans le service universel. On peut également rappeler que
Karel van Miert s'est exprimé contre la volonté de nombreux
gouvernements européens de soutenir leur service public de
télévision (dépêches Reuters et AFP du 11 décembre 1998).

Une nouvelle manifestation d'une logique exclusivement marchande

Dans un article intitulé « Vers un droit d'auteur sans
auteur » [8], Jack Ralite dénonçait en mars 1998 les dangers de
l'AMI pour le droit d'auteur, montrant que la « législation AMI »
s'appuie sur les contenants, alors que la législation du droit
d'auteur est en rapport avec les contenus et les oeuvres. Il
notait de plus que l'AMI restait silencieux sur l'articulation
entre droit d'auteur et nouvelles technologies. IRIS dénonçait
également en février 1998 les dangers de l'AMI pour un usage non
marchand d'Internet [9], tout comme elle dénonçait quelques jours
avant, dans une pétition-lettre ouverte, l'hégémonie de Microsoft
en France [10].

Avec le projet de réforme de la CBE, nous assistons une fois de
plus au même phénomène, de « législation managériale contre
législation personnaliste », selon la formule de Jack Ralite. Nous
sommes en présence d'une manifestation supplémentaire de cette
logique uniquement marchande, qui ne souffre aucune exception, et
qui s'attaque actuellement aux idées comme aux transformations du
vivant, puisqu'elle les considère comme des procédés industriels
qu'il faudrait breveter, pour protéger les intérêts commerciaux et
financiers de quelques multinationales.

Références :

[1] Texte de la CBE :
http://www.european-patent-office.org/epc97/epc97-f.htm
[2] Projet de loi sur l'innovation et la recherche :
http://www.senat.fr/leg/pjl152.html
[3] Site de l'OEB : http://www.european-patent-office.org/
[4] Communication de la Commission en date du 5 février 1999
((COM(1999)42)).
[5] Rapport Lombard : http://admi.net/evariste/inpi/pi980121.html
[6] Communiqué de presse de l'AFUL :
http://www.aful.org/presse/cp-patents.html
[7] Pétition de FFII : http://swpat.ffii.org/miert/indexfr.html
[8] Article de Jack Ralite :
http://www.monde-diplomatique.fr/1998/03/RALITE/10170.html
[9] Mobilisation d'IRIS contre l'AMI :
http://www.iris.sgdg.org/actions/ami/
[10] Pétition d'IRIS contre l'hégémonie de Microsoft en France :
http://www.iris.sgdg.org/microsoft/letouv.html

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Meryem Marzouki (Meryem.Marzouki@iris.sgdg.org) - Tél : 0144749239, ou
François Sauterey (Francois.Sauterey@iris.sgdg.org)

-- 
Meryem Marzouki - Pages personnelles : http://asim.lip6.fr/~marzouki
IRIS - 294 rue de Charenton, 75012 Paris, France 
Tel/Fax: +33(0)144749239 - http://www.iris.sgdg.org


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