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Date: Thu, 08 Feb 2001 22:24:34 +0100
Subject: LSI : le gouvernement adopte la politique du pire


Bonsoir à tous,

Comme plusieurs d'entre vous le savent déjà, une version provisoire de
l'avant-projet de loi sur la « société de l'information » (LSI), datée
du 5 décembre 2000, a été divulguée par la revue en ligne Transfert.
Vous trouverez ci-dessous un communiqué de presse d'IRIS exprimant les
commentaires généraux de l'association sur cette version de travail.

Par ailleurs, IRIS annonce la mise en ligne d'un dossier sur la LSI, qui
permettra de suivre pas à pas l'évolution du processus, ainsi que les
diverses réactions, interventions et propositions, dont notamment celles
d'IRIS. Vous y trouverez d'ores et déjà les contributions et analyses
publiées depuis le début de la consultation lancée par le gouvernement
en octobre 1999. En plus des grandes étapes et documents généraux
relatifs à la LSI, le dossier d'IRIS vous propose des informations
classées par thèmes traités dans la LSI. Ce dossier sera régulièrement
mis à jour au cours de l'avancement d'un processus qui s'annonce long,
et qui nécessitera une mobilisation énergique et déterminée.

Adresse du communiqué de presse d'IRIS sur le web :
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-lsi0201.html

Adresse du dossier d'IRIS sur la LSI :
http://www.iris.sgdg.org/actions/lsi

Pour IRIS, Meryem Marzouki
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LSI : le gouvernement adopte la politique du pire
Communiqué de presse d'IRIS - 8 février 2001

Une version de travail de l'avant-projet de loi sur la « société de
l'information » (LSI), datée du 5 décembre 2000, a été divulguée par la
revue en ligne Transfert [1]. Il n'est évidemment pas question pour IRIS
de commenter en détail, ni de proposer des alternatives, sur la base
d'une version provisoire.

Toutefois, le texte est un bon indicateur de la tendance choisie par le
gouvernement : la politique du pire est confirmée, pour les trois grands
chapitres de la loi, comme pour l'impasse qui continue d'être faite sur
un certain nombre de questions importantes, notamment celles liées à
l'utilisation d'Internet sur le lieu de travail.

« De l'État providence à l'État pénitence » [2]

Il semble que la société de marché manquait de sécurisation : la LSI
contribuera donc à y remédier. Libéralisme économique et répression
politique dominent en effet dans les mesures proposées par le texte de
l'avant-projet de loi.

La France se fait bonne élève de la Commission européenne pour ce qui
est de « créer la confiance du consommateur », y compris en rétablissant
les « diligences appropriées » des intermédiaires techniques et en
décidant que le spam sera la règle et son refus l'exception.
Mieux encore, alors même que le schéma des services collectifs pour
l'information et la communication est soumis à la consultation des
Conseils régionaux qui s'engageront ainsi sur vingt ans [3], les
collectivités territoriales sont invitées à créer des infrastructures
pour les réseaux de télécommunications, mais n'ont pas le droit d'en
être opérateurs. On reproduit ainsi au niveau local le schéma qui a tant
réussi, en terme de profit, aux opérateurs privés ou privatisés.
L'extension du service universel à Internet n'est pas prévue, mais en
revanche les opérateurs privés ne sont pas oubliés, puisque les services
obligatoires sont, eux, étendus à l'accès aux communications en ligne
via le réseau téléphonique commuté. Il s'agit des services que France
Télécom a obligation de fournir aux autres opérateurs souhaitant
utiliser l'infrastructure mise en place par l'opérateur historique privatisé.
Quant à l'accès aux données publiques - grande fierté du gouvernement -,
il pourra être payant si les données ne sont pas « essentielles ».
Enfin, pour la gestion des noms de domaines comme pour le reste,
l'ouverture à la concurrence semble être une solution préférée à
l'instauration d'un vrai service public.

Mais la Commission européenne souffre d'un certain libéralisme politique
sur les questions d'anonymat, de protection de la confidentialité et de
la vie privée, et de cybercriminalité [4]. C'est donc du Conseil de
l'Europe que la France se fait plutôt disciple en cette matière, non
sans emprunter « le meilleur du répressif » instauré par certains pays
(USA, Royaume-Uni). On notera en particulier le choix de conserver tous
types de données (y compris données de navigation) pendant une année. Le
reste est à l'avenant, cf. les dispositions du projet de traité du
Conseil de l'Europe, dénoncées par IRIS et ses partenaires [5].

Enfin, certaines dispositions donnent sa « French touch » à ce texte.
Dépôt légal pour tous les sites, alors même que la déclaration préalable
a été récemment abrogée. Droit de réponse similaire à celui de la presse
écrite, alors que déjà le droit de réponse pour l'audiovisuel est moins
contraignant. Par ailleurs, le CSA garde bon pied bon oeil... sur
Internet aussi. Enfin, une bien trop grande marge de manoeuvre est
laissée à l'administration, puisque d'innombrables décrets sont censés
préciser le flou des dispositions, sans parler des velléités du
ministère de l'Intérieur d'accorder des pouvoirs de saisie, sans
conditions sur la gravité de l'infraction suspectée, à l'autorité
administrative, et non uniquement à l'autorité judiciaire.

IRIS met en ligne un dossier sur la LSI

Le processus de discussion, puis d'adoption de la LSI risque d'être très
long. En effet, compte tenu des échéances politiques proches (élections
municipales en mars 2001) ou moins proches, mais déjà en bonne
préparation (élections présidentielle et législatives en 2002), le
gouvernement Jospin souhaite utiliser au mieux le calendrier
parlementaire pour donner priorité aux réformes socialement « parlantes
» pour les citoyens-électeurs. Combattre les mauvaises dispositions du
texte sera aussi une oeuvre de longue haleine.

Afin de conserver toute la mémoire sur la LSI, et pour que chacun puisse
se référer aux différentes étapes et documents, IRIS a décidé de mettre
en ligne un dossier complet sur la LSI, à partir de la consultation
lancée par le gouvernement en octobre 1999. Au même titre que le dossier
d'IRIS relatif à la loi sur la « liberté de communication » [6], ce
dossier LSI [7] constituera un outil de travail pour tous ceux,
notamment militants, universitaires et journalistes, qui souhaitent
analyser la politique de l'État en matière de réglementation d'Internet,
ainsi que les positions d'IRIS comme celles des différents acteurs.

Références

[1] : Revue en ligne Transfert. Dossier LSI. 6 février 2000. 
http://www.transfert.net/fr/dossiers/dossier.cfm?idx_dossier=43.
[2] : Formule empruntée au sociologue Loïc Wacquant, dans son ouvrage
intitulé « Les prisons de la misère ». Éditions Raisons d'agir. Paris. 1999.
[3] : Datar. Consultation sur les schémas de services collectifs. 
http://www.datar.gouv.fr.
[4] : Iris. « Cybercriminalité : du danger d'un projet de "traité
fourre-tout" ». Analyse. 1er février 2001. 
http://www.iris.sgdg.org/actions/cybercrime/analyse-0201.html.
[5] : Iris. Dossier cybercriminalité. Régulièrement mis à jour. 
http://www.iris.sgdg.org/actions/cybercrime.
[6] : Iris. Dossier « Loi liberté de communication ». Mai 1999 à octobre
2000. http://www.iris.sgdg.org/actions/loi-comm.
[7] : Iris. Dossier « Loi société de l'information ». 8 février 2001. 
http://www.iris.sgdg.org/actions/lsi.

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