Appel contre le projet de loi sur la sécurité intérieure
21 octobre 2002
Texte unitaire à l'initiative de la LDH, du SM et du SAFLe nouveau projet de Nicolas Sarkozy est toujours aussi inquiétant. Que le gouvernement ait décidé d'en morceler les dispositions pour confier au Garde des Sceaux le soin d'en présenter, plus tard, certaines, ne relève que de la manoeuvre mais ne change rien à la philosophie de ce texte.
Le gouvernement a décidé d'entrer en guerre contre les pauvres. Le projet du ministère de l'Intérieur, s'il était adopté, pourrait conduire à un État autoritaire et à réprimer tous ceux qui ont eu le malheur d'être rejetés au bord de la route. Parce qu'il vise, pêle-mêle, les mendiants, les sans domicile fixe, les jeunes, les gens du voyage, les prostitués, les militants qui mèneraient des actions revendicatives, ce texte institue une République où la pauvreté est constituée en délit et où la manifestation d'une révolte devient un crime.
Pour assurer la répression de ces nouvelles "classes dangereuses", il faut aussi soumettre nos libertés à l'arbitraire de l'État. Avant même que le ministre de la Justice s'y emploie de son côté, que restera-t-il, déjà, de celles-ci quand chacun de nous pourra être arrêté pendant une demi-heure au bord de la route à la discrétion des forces de police ? Accepterons-nous d'être, parce que simples suspects, fichés à vie dans des fichiers qui, multipliés à l'infini et croisés, recenseront jusqu'au moindre détail de notre vie quotidienne ?
Lutter contre l'insécurité, ce n'est pas cela, ce n'est pas désigner les pauvres comme boucs émissaires et faire de chacun de nous des citoyens soumis au pouvoir discrétionnaire de l'État. Lutter contre l'insécurité, c'est bien sûr réprimer quand c'est nécessaire, mais c'est aussi prévenir, éduquer, rétablir partout tous les services publics, reconstruire la vie là où elle n'existe plus et rétablir les solidarités qui ont disparu. Il faut sortir de la précarité et du chômage les quelques millions de personnes qui s'y trouvent, lutter contre toutes les discriminations qui divisent les habitants de notre pays et offrir un autre cadre de vie que des quartiers devenus des ghettos où l'on survit sans espoir. Ce ne sont pas les pauvres qu'il faut combattre, c'est la pauvreté !
En présentant ce projet, le gouvernement touche à la nature même de la République. Nous ne serons plus égaux devant la loi car ce ne sont pas les "gens d'en haut" qui dorment sous les ponts ou mendient.
De cela nous ne voulons pas. Nous savons qu'aujourd'hui le gouvernement détient tous les pouvoirs, mais il n'a pas reçu mandat de faire de l'inégalité et de l'arbitraire des règles de la République. Nous appelons tous les citoyens à le dire à leurs députés et à le manifester publiquement.
Premiers signataires :
Contact pour signer cet Appel auprès de la Ligue des droits de l'homme :
Les Alternatifs, Association des Tunisiens en France, ATTAC, CADAC, CEDETIM, Confédération générale du travail (CGT), CLARIS, Collectif national des droits des femmes, Confédération paysanne, Droits Solidarité, FARAPEJ, Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Francas, France Libertés, Fédération syndicale unitaire (FSU), GENEPI, GISTI, G10 Solidaires, IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire), LCR, Ligue des droits de l'Homme (LDH), Mouvement des jeunes communistes, Mouvement des jeunes socialistes, Mouvement de lutte contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Mouvement de la paix, PASTT, Parti Communiste, Parti Socialiste, Peuple et Culture, Pionniers de France, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature (SM), UNEF, UNISAT, Les Verts.
communication@ldh-france.org
Tel : 0156555100 - Fax : 0142555121
Cet Appel figure également sur le site de la LDH :
http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=569
et sur le site du Syndicat de la magistrature :
http://www.syndicat-magistrature.org/article/288.html