Présentation de
Serge Leroux
Serge Le Roux,
secrétaire général
Institut syndical d'études et de recherches économiques et sociales (ISERES)
CGT, France
L'ISERES, depuis sa création en 1982, s'est intéressé aux effets des transformations techniques sur les situations de travail, d'abord dans les domaines de l'informatique et de la productique, puis, depuis quelques années dans ceux liés aux NTIC (dans un premier temps, sous l'angle du travail à distance). Cette orientation de travail semble aller de soi pour un institut de recherche agissant pour, et avec, les syndicats de salariés, tant il est important de comprendre les logiques d'introduction des innovations technologiques, leurs effets sur les rapports salariaux présents et à venir, leurs conséquences en termes de qualité de l'offre de travail, de relation à la consommation, d'exclusion sociale, etc.
De fait, concernant les technologies actuellement prépondérantes, on voit leur caractère profondément ambivalent :
Quand il s'agit d'appliquer à l'industrie et aux autres activités de production, les NTIC, les déterminations premières des chefs d'entreprise restent dans l'ordre classique de la recherche d'une plus grande intensification du travail (c'est "l'hyper-taylorisme", celui qui concerne aussi les fonctions mentales du travail). A ce moment classique de la logique de l'exploitation capitaliste, vient toutefois s'en adjoindre un autre, lié directement à la nature même des technologies en cours, et qui pousse à une défordisation de la production.
Cette caractéristique majeure des NTIC est connue, son élément de base, l'information est un bien économique nouveau qui présente l'originalité (dans l'histoire économique) de conserver une valeur au-delà de son utilisation (ce qui équivaut à considérer que sa valeur intrinsèque tend vers zéro). L'abondance, qui devient de la sorte réalisable, transforme tout aussi bien les rapports sociaux que ceux du travail, ouvrant dans ces deux sphères, et dans leurs relations, de multiples champs de possibilités inédites.
Cet appétit de liberté est toutefois contredit par la loi de la firme et des critères qu'elle fait fonctionner, notamment en termes de rentabilité des capitaux avancés. Un nouvel univers de contradictions est ainsi en train de se constituer, fait, par exemple, de création de liens "one-to-one" (pour tenter de fidéliser des clients de plus en plus volages et, aussi, pouvoir capter les signes nouveaux donnés par le marché) et leur négation produite par le souci d'encadrer et de museler un personnel de plus en plus actif, indépendant et exigeant (y compris en termes de relations internes, d'orientations de la production, et de gestion de la firme).
Il n'est, dès lors, pas très surprenant que les firmes rencontrent des difficultés grandissantes à recruter des salariés, puisque ceux-ci devraient, à la fois, être :
Des voies alternatives commencent à se construire dès à présent, encore fragiles, mais prometteuses :